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science et la conscience, se trouveraient réconciliés ou mieux identifiés,

Gustav Glogau. Esquisse des sciences fondamentales qu’embrasse la philosophie. 1re partie : La forme et les lois mécaniques de l’esprit. Breslau, Kœbner, 1880. — L’auteur bien connu des Formules psychologiques de Steinthal et de nombreux essais dans les revues de Lazarus et d’Ulrici nous donne aujourd’hui le premier volume d’un grand ouvrage. Il se propose de nous tracer une esquisse idéale du développement normal de l’esprit et des lois qui régissent ce développement, L’auteur veut se tenir sur le terrain de la psychologie pure, et s’interdit toute hypothèse métaphysique sur la substance pensante. Mais l’expérience seule fait-elle bien tous les frais de la doctrine qu’il nous expose sur la nature et les lois de l’esprit ?

J. Bergmann. Étre et connaître (Berlin, Mittler, 1880).

Cet ouvrage peut être regardé comme le complément de la Pure logique du même auteur. Il ne faut pas chercher ici une théorie de la connaissance, au sens ordinaire de ce mot. Baumann analyse la connaissance dans ses éléments essentiels, dans sa forme abstraite, constante, et indépendamment de tout rapport avec l’expérience, avec les données diverses et mobiles de la réalité. Dans l’esprit de Fichte et par une méthode voisine de la sienne, il demande le secret de l’être et du connaître à la forme pure de la conscience, à l’affirmation primordiale, par laquelle le moi prend conscience de lui-même et, en se posant, pose aussi le non-moi. C’est dire qu’il résout aussi le problème dans le sens de l’idéalisme de Fichte. L’être et la pensée consciente sont identiques ; l’erreur de la philosophie de Schelling et de Hégel a été de placer la pensée inconsciente sous le nom d’absolu au-dessus de la pensée consciente ou du moi.

Teichmueller. Sur l’essence de l’amour. Leipzig, Duncker, 1879.

Après une critique sommaire des principales théories que l’histoire présente sur ce sujet et où l’on ne peut s’empêcher de relever des jugements bien sévères et de graves lacunes, l’auteur nous expose dans la seconde partie sa propre doctrine. L’essence de l’amour répond à celle du monde. « Supposons que le monde soit un composé d’atomes matériels ou de principes immatériels, mais indépendants les uns des autres et immuables, comme le veut Herbart. L’amour ne pourrait exister : car l’amour suppose la correspondance intime (innere Beziehung) des êtres les uns avec les autres, L’atomisme est donc une fausse conception du monde, s’il y a réellement de l’amour dans le monde. Ji en faut dire autant de ce panthéisme qui fait des phénomènes particuliers ou de leurs sujets des moments fugitifs de la vie de l’un absolu : car l’amour demande que les êtres qui aiment soient séparés et unis tout à la fois, mais ne comporte pas qu’ils soient identiques. »

Le Propriétaire-Gérant,
Germer Baillière.

Coulommiers. — Typographie Paul Brodard.