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JANET. — un précurseur de maine de biran

cerveau, destinés à faire naître ces idées… C’est par le mouvement de certains organes de notre machine que l’âme se procure directement l’exercice de ses plus admirables facultés. »

Après ces considérations générales sur l’existence et les conditions de la faculté motrice, Rey Régis en étudie les effets, c’est-à-dire les mouvements eux-mêmes. C’est la seule étude un peu étendue de ce genre que nous connaissions en psychologie. Un psychologue contemporain, M. Ribot, a dit que la psychologie des mouvements est encore à faire. Cette psychologie du mouvement, qui ne pourrait être faite que par un philosophe, qui serait à la fois physiologiste, est commencée et poussée déjà assez loin par Rey Régis. Il divise d’abord les mouvements en deux grandes classes, ceux qu’il appelle « nerveux » et ceux qu’il appelle « musculaires ». Les premiers ont pour fonctions la faculté de sentir et de penser ; les seconds comprennent non seulement les mouvements des muscles, mais Ceux de tous les organes qui ont des fibres musculaires (comme les viscères, les glandes, etc.). Les premiers servent surtout à l’action de l’esprit ; les seconds sont plutôt relatifs au bien des corps. Si maintenant on à égard aux diverses causes excitatrices qui déterminent ces deux classes de mouvements, et qui sont à peu près les mêmes de part et d’autre, on trouvera huit mouvements différents : les mouvements d’instinct — les mouvements volontaires, — les mouvements déterminés par la pensée, — ou par la passion, — les mouvements nécessaires — les mouvements d’habitude, — les mouvements composés.

1o L’auteur distingue deux sortes de mouvement d’instinct, les mouvements organisateurs et les mouvements conservateurs. Les premiers sont ceux qui dans la génération meuvent, arrangent, combinent les molécules de la matière séminale de façon propre à former notre corps et les différents organes. C’est à propos de ces premiers mouvements antérieurs à l’organisation elle-même que Rey Régis expose un système d’animisme très-arrêté, qui a beaucoup d’analogie avec les systèmes les plus récents.

Le principe de Rey Régis, c’est que la cause qui a fabriqué le corps doit être la même que celle qui le conserve et le perfectionne Toutes les opérations vitales, croissance, nutrition, assimilation, ne sont qu’une continuation, une suite de la génération, pensée que nous retrouvons chez un physiologiste célèbre de nos jours, lequel modifiant un mot célèbre de Descartes, disait que « la nutrition est une génération continuée. » Notre auteur exprime absolument la même pensée. « La vie, depuis le commencement jusqu’à la fin, n’est qu’une suite des mêmes opérations. L’une ne vise d’abord qu’à se procurer un corps ». Avant de s’en servir, elle est « l’architecte de son