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notices bibliographiques

maintenant comme les chapitres du livre, sont « reliés et unis entre eux par une pensée fondamentale d’ensemble ». Cette pensée est l’apologie du matérialisme déjà exposé dans Force et matière, et pour lequel l’auteur a déjà rompu tant de lances ; il est toujours intéressant de voir le Dr Büchner se défendre avec une conviction vigoureuse, soit en attaquant un adversaire auquel il dit son fait souvent sans ménager sa personne, soit en félicitant un allié qui lui fournit des armes.

Au fond, ce matérialisme se réduit le plus souvent à une protestation en faveur de la méthode scientifique et expérimentale et des sciences naturelles ; mais il affirme l’impossibilité de connaître la chose en soi et laisse même le champ libre à des hypothèses idéalistes ou religieuses (voy. Matérialisme et spiritualisme, p. 277 ; Matière, organisme el esprit, p. 860 ; A. Ruge el le matérialisme.

Quelle que soit la valeur de cette thèse, il y a là des idées puissantes et fécondes qu’il faut savoir gré au Dr Büchner d’avoir proclamées de bonne heure et maintenues toute sa vie. Peut-être se fait-il à lui-même, d’ailleurs avec une sincérité et une loyauté parfaites, la part un peu trop belle vis-à-vis de Comte et des penseurs anglais qui ont vaillamment défendu comme lui le positivisme scientifique (voy. l’article Force et matière, p. 406). Le livre est toujours intéressant, et la lecture en est attrayante, grâce à la variété même du sujet et à l’animation du style.

C.