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(par exemple, voir dans l’obscurité, une étincelle électrique comme si elle se répétait deux ou trois fois) seraient dus à ce que l’onde nerveuse va deux ou trois fois de la périphérie au centre et inversement, jusqu’à ce que l’équilibre se rétablisse, comme dans le cas du lac.

7o Les hallucinations et les phénomènes d’illusion en général prouvent abondamment l’existence de l’onde centrifuge. Entre autres, le fait de Robin, cité par Taine (De l’intelligence, tome, I, p. 299), est un bon appui en faveur de cette thèse.

Tels sont, brièvement exposés, les faits invoqués par l’auteur. Cette théorie de l’onde nerveuse perceptive ou centrifuge est, comme il le dit lui-même, « une telle innovation dans la physiologie des nerfs que beaucoup, sans vouloir en savoir plus long, dès qu’ils l’entendront énoncer, la rejetteront, comme une hypothèse sans fondement, comme une conception fantastique. Il est naturel que l’acceptation d’un tel fait devant apporter des modifications dans l’interprétation des phénomènes de la perception, puisqu’il n’est pas en harmonie avec la théorie communément admise, doive trouver beaucoup de résistance et peu de croyance. Je ne me serais cependant pas décidé à donner tant d’importance à mon hypothèse si les observations et les preuves expérimentales ne m’avaient convaincu de la réalité de ce que je soutiens[1]. »

Nous avons insisté sur ce point, qui est la partie personnelle et capitale du livre ; nous serons plus court sur le reste.

Signalons, comme complément de l’étude sur la perception, un bon chapitre sur le rôle du mouvement (ch.  VIII). Nulle part, à ma connaissance, le sujet n’a été traité avec autant de clarté ni sous une forme aussi substantielle dans sa concision. Les mouvements perceptifs sont de deux espèces : 1o mouvements de direction de l’organe, 2o mouvements d’accommodation. Tous les organes ont des mouvements de direction, sans avoir cependant de muscles spéciaux pour cela. Les muscles pour l’accommodation se rencontrent dans la vue et l’ouïe. L’odorat a une sorte d’accommodation qui se fait par les muscles des ailes du nez. Pour le goût, certains muscles qu’il n’est pas facile de déterminer servent à donner une plus grande diffusion aux substances sapides sur la langue et le palais ; on peut les considérer à la rigueur comme des mouvements d’accommodation. Les sensations cutanées en sont dépourvue. D’une manière générale, les organes les plus indépendants dans leurs mouvements se développent le plus vite, quant à leur fonction perceptive. Enfin l’auteur range les conditions de la localisation périphérique sous ses deux formes principales : 1o localisation sur l’organe sensoriel ; 2o localisation par projection (ouïe et odorat).

Comme nous l’avons dit plus haut, l’attention représente le plus haut degré de différenciation de l’activité perceptive. Dans cet état, la conscience s’est comme retirée des autres centres nerveux : pour ces centres, il y a une sorte de catalepsie temporaire, l’énergie psychique

  1. Prefazione, p. xix.