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ANALYSES. — G. SERGI. Teoria della percezione.

étant excessive sur un point ; et ce phénomène ne peut être que de courte durée, car, s’il durait longtemps, il pourrait se produire une catalepsie véritable, « Nous avons déjà vu un premier processus de différenciation dans le passage de l’onde diffuse à l’onde restreinte : c’est-à « dire dans le passage de la sensation à la perception distincte : ce qui implique une localisation cérébrale. Nous appelons attention un proscessus de différenciation supérieure, l’onde d’excitation devient plus restreinte, plus intense, plus localisée et plus directe ; le phénomène tout entier prend par suite une forme claire et distincte, » (Ch. XII, p. 217.)

Mais la perception ne dépend pas seulement de l’onde nerveuse ni de l’excitation des organes centraux ; le mouvement est un coopérateur du phénomène sensitif. S’il en est ainsi dans la perception en général, il en est de même dans l’attention. Les mouvements qu’on peut appeler concomitants sont ceux d’accommodation des organes sensoriels aux conditions les plus propres pour percevoir, c’est-à-dire la direction et l’accommodation de l’œil pour voir, la direction de la tête et l’accommodation des deux muscles de l’oreille pour entendre et ainsi de suite. Cela produit un effet analogue à ce qui arrive pour les centres sensitifs, une paralysie momentanée des autres parties du corps qui ne concourent pas au phénomène spécial. Comme le fait très bien remarquer l’auteur, le premier acte d’attention est involontaire ; plus tard, elle devient volontaire et enfin automatique

Tels sont les traits généraux de la Teoria fisiologica della percezione. Mentionnons encore un bon chapitre critique sur les théories régnantes (Spencer, Bain, Maudsley, Carpenter, Lotze, Wundt, etc.), un résumé des études expérimentales sur les limites et l’acuité de chaque ordre de perception, sur le temps physiologique, enfin sur le processus de reproduction normale et pathologique.

L’ouvrage se termine par un chapitre sur la conscience dans la per ception (ch. XVII) où l’auteur reprend, en la développant sous d’autres formes, la doctrine qu’il a exposée dans ses Elementi di psicologia et plus particulièrement dans un mémoire spécial : Sulla natura dei fenomeni psichichi (1880)[1]. C’est, dit-il, une opinion commune dans la psychologie physiologique de rapporter le phénomène psychique au processus central seul. Cette interprétation ne nous parait pas exacte, parce que nous considérons le processus central comme une partie seulement du processus total, lequel comprend aussi les processus périphériques. La conscience n’apparaît que {comme une révélation du phénomène complet. « Elle ne peut accompagner le processus physiologique que dans la dernière phase de son développement, c’est-à-dire au moment où il atteint son achèvement. C’est pourquoi j’appelle la conscience la révélatrice du phénomène psychique, son apparence phénoménale, sans qu’elle constitue le phénomène lui-même.

  1. Analysé dans la Revue philosophique, février 1881, tome XI, pp. 214-219.