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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


W. Graham. The creed of science, religious, moral, and social, 4 vol.  in-8o, 419 pp.  London, Kegan Paul.

Passer en revue les doctrines et les hypothèses les plus accréditées de la science actuelle sur les grands problèmes philosophiques, interroger les savants compétents sur la métaphysique, la morale et la religion, exposer et peser à leur juste valeur leurs dernières conclusions pour en tirer un ensemble de croyances rationnelles, voilà le but que s’est proposé M. Graham. La science, en effet, qui a maintenant ou semble avoir réponse à tout, a ses croyance et sa foi. Il s’agit d’en aire la synthèse et la critique ; l’idée est des plus attrayantes, et le livre vient à son heure[1].

Ce plan est exposé dans une intéressante introduction, où M. Graham, justifiant son dessein et ses prétentions, montre qu’il est possible et légitime de tenter l’entreprise sans posséder la science universelle. Les naturalistes allemands qui l’ont fait ont manqué souvent de compétence philosophique, A. Comte et Stuart Mill sont venus trop tôt, H. Spencer a réussi à présenter un système séduisant, mais son œuvre est trop volumineuse pour être accessible à tous, et ses conclusions sont contestables. M. Graham s’adresse donc, sur chaque point, aux savants les plus autorisés (Helmholtz, Tait, Balfour Stewart, Thomson, Darwin, Mill, Spencer), et résume leurs théories. C’est la foi de la science orthodoxe qui est ainsi dégagée du pêle-mêle des discussions, telle qu’elle serait fixée par un concile de ses plus hauts dignitaires. Puis, l’auteur essaye de démêler dans chacune de ces thèses le vrai et le faux, et ses derniers chapitres nous offrent comme un tableau de la religion et de la morale de l’avenir. L’ouvrage est divisé en trois livres :

1o La croyance de la science en religion et en morale ;

2o L’évangile et la croyance de la science en sociologie ;

3o L’avenir de la religion et de la morale.

  1. Il faut rapprocher du livre de M. Graham l’ouvrage récent de M. W. Mallock : Is life Worth living, et l’article plus récent encore de M. Caro dans la Revue des Deux-Mondes du 1er août sur le prix de la vie humaine et la question du bonheur dans le positivisme.