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ples empruntés aux grands compositeurs, que nous craindrions ou de n’en donner qu’un maigre résumé ou de dépasser les bornes d’un simple compte rendu déjà trop long. Nous croyons donc devoir nous borner à l’indiquer, en regrettant vivement de ne pouvoir lui consacrer la place qu’elle mérite.

H. Schmidt.

Richard Falkenberg. — Grundzüge der Philosophie des Nicolaus Cusanus, mit besonderer berucksuchtigung der Lehre vom Erkennen. — Trails principaux de la philosophie de Nicolas de Cusa, avec un examen particulier de sa théorie de la connaissance. Breslau, W. Koëner, 1880.

Le cardinal Nicolas de Cusa ou de Cues, comme disent ses compatriotes, est une des figures les plus remarquables et les plus originales de la Renaissance au commencement du xve siècle. Ge n’est pas à nous de parler de son rôle dans l’Église et dans la politique, de l’attitude qu’il prit au concile de Bâle, de son administration temporelle de Rome, de son essai de réforme des couvents de son diocèse, qui lui réussit mal, et de ses démêlés avec l’archiduc, qui lui valurent un long emprisonnement, dont le résultat fut d’abréger ses jours. Ses travaux comme mathématicien et comme astronome, son projet de réforme du calendrier, qui lui assignent un rang parmi les savants, échappent aussi à notre examen. On sait que, trente ans avant Copernic et deux siècles avant Galilée, il affirma le mouvement de la terre et la pluralité des mondes.

Tous ces titres suffiraient déjà pour qu’il eût une place à part même parmi les plus illustres de ses Contemporains, Mais c’est surtout comme penseur et auteur d’écrits philosophiques d’une hardiesse et d’une nouveauté vraiment singulières, qu’il doit fixer l’attention de l’historien de la philosophie. Il semble, en effet, avoir été le lien entre le passé du moyen âge et des siècles antiques et l’avenir des temps modernes. On peut voir en lui le précurseur des grands philosophes dont les systèmes ont occupé la scène philosophique, de Descartes, de Leibnitz, de Kant, de Schelling, de Hegel, etc. C’est ainsi du moins que le jugent et l’apprécient aujourd’hui ses compatriotes, dont le zèle patriotique ne néglige rien de ce qui peut donner du relief à la philosophie allemande et l’illustrer jusque dans ses origines. Aussi, dans ce dessein se sont-ils attachés à faire ressortir ce qu’il y a de fécond et d’original dans les conceptions et dans les œuvres de Cusa. Les historiens récents lui donnent, dans leur exposition, une place importante. Mais, surtout, des études et des recherches spéciales ont été entreprises pour le faire connaître plus en détail, pour fixer son rôle dans l’histoire de la pensée moderne. Sa biographie a été faite par Starpf