Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 14.djvu/683

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
679
ANALYSES. — FALKENBERG. Philosophie de Nicolas de Cusa.

et ne laisse guère à désirer. M. Eucken a composé sur lui, dans le Philosophische Monatshefte (B. XIV, 1878), un article d’un haut intérêt philosophique où il relève déjà les mérites supérieurs du penseur allemand de la Renaissance et réclame un travail plus complet sur l’ennsemble de sa philosophie. M. Joh. Uebinger (Wurzburg, 1880), dans une dissertation inaugurale composée avec beaucoup de soin, a marqué la suite et fait l’analyse de chacun de ses écrits. Il l’a fait avec une clarté qui en fait désirer la suite : l’exposé général et l’appréciation du système.

Cet exposé et ce jugement, quant aux points essentiels du système, nous les trouvons dans un écrit récent de M. le Dr Richard Falkenberg qui porte ce titre : Traits principaux de la philosophie de Nicolas de Cusa, etc. Cet ouvrage, fruit d’une étude sérieuse et approfondie, fait honneur à celui qui l’a entrepris et mérite de fixer l’attention de quiconque s’intéresse à la marche des idées modernes, en ce qui regarde le domaine de la spéculation philosophique. L’exposé, clair et méthodique, atteste une intelligence philosophique très distinguée ; l’appréciation générale nous paraît très propre à entrainer l’adhésion, malgré les réserves que nous ferons plus tard. Ce qui rehausse surtout le prix de cette publication et la rend très utile au lecteur, ce sont les textes nombreux et judicieusement choisis qui, à chaque page, éclaircissent cet exposé et confirment les jugements de l’auteur.

Nous voudrions donner au moins un aperçu de cette publication intéressante. Le personnage dont il s’agit est peut-être, en ce moment, un peu trop exalté par nos voisins ; mais l’impartialité philosophique ne peut contester ses titres sérieux à figurer dans la liste des penseurs qui, sans avoir exercé une grande influence et laissé après eux une trace profonde dans le développement de la pensée, ont en effet servi de transition et fait pressentir ce que d’autres ont exécuté et accompli après eux, doués qu’ils étaient d’un génie plus puissant, placés d’ailleurs dans des circonstances plus favorables à l’éclosion et à la création des grands systèmes. M. Falkenberg lui-même, tout en faisant valoir les titres de Cusa, n’ose encore lui assigner un rang définitif ; on ne s’étonnera pas que nous, qui ne l’avons pas, comme lui, étudié, nous devions être plus réservé dans notre jugement. Nous nous bornerons à donner une idée de ce travail et à le résumer dans ses parties principales.

Dans son Introduction, l’auteur cherche à marquer la place de Nicolas de Cusa dans l’histoire de la philosophie.

Nicolas de Cusa appartient-il au moyen âge ou aux temps modernes ? Comment ? et dans quelle mesure ? Ce problème, difficile et délicat, ne peut-être résolu que par une étude approfondie de ses œuvres et par l’examen des pensées fondamentales qui en forment le contenu. On y trouve, en parties indiquées comme aspirations, en partie hardiment exprimées, un certain nombre d’idées fécondes, qui sortent du cercle de