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notices bibliographiques

nestes pour la science et pour la vie. Mais cet exclusivisme était inévitable, et l’histoire de la philosophie n’a pas lieu de s’en plaindre… Sa pensée devait subir cette fermentation pour devenir la limpide sagesse de Socrate. Il a fallu à l’Allemagne la période dite d’émancipation intellectuelle (Aufklärung) pour avoir un Kant ; il a fallu aux Grecs la sophistique pour avoir un Socrate et une philosophie socratique » (p. 547).

Ch. bénard.

Alessandro Chiappelli. — Le ecclesiazuse di aristofane e la repubblica di platone, polemica letteriara nel IV sec. avanti Cristo, Turin, Ermanno Loescher, 1882. — In-8o, 115 pages.

Le sous-titre de cette étude est une traduction de l’intitulé donné par Gustav Teichmüller à l’important travail dont la Revue a rendu compte en janvier 1882. M. Chiappelli marque ainsi suffisamment le caractère de son essai, les procédés de la méthode qu’il suit et le modèle dont il s’inspire. Mais nous savons assez[1] quelle est l’originalité de ses vues propres et l’indépendance de son esprit, pour être assurés d’avoir devant nous une œuvre profondément personnelle et conduisant à des résultats nouveaux.

L’objet principal de l’essai est l’exposé historique des rapports qui eurent lieu entre Aristophane et Platon. Contre Zeller, M. Chiappelli admet, d’accord avec Teichmüller, que l’Assemblée des femmes traduit sur le théâtre l’utopie de la communauté, émise par Platon dans les premiers livres de la République, et fixe ainsi par sa date (391-390) celle de la publication de ces livres.

Mais reprenant une idée de Krohn et la modifiant, à la suite d’une analyse très intéressante de la République, notre auteur se sépare du philosophe de Dorpat pour conclure :

Qu’avant l’Assemblée des femmes Platon n’avait publié que les quatre premiers livres, qui forment un ensemble complet par eux-mêmes[2] ;

Que le cinquième livre, qui constitue un épisode spécial, est, de fait, une réplique de Platon à Aristophane, réplique qui dut suivre immédiatement l’attaque ; Qu’au retour de Sicile, date admise par Teichmüller pour les cinq derniers livres, Platon donna seulement les livres VIII, IX, X, suite naturelle des quatre premiers[3] ;

  1. Voir (Revue, 1882, p. 324) l’analyse de son ouvrage Sur l’interprétation pantheistique de Platon.
  2. Ce serait cette publication qui aurait également provoqué Xénophon à écrire la Cyropédie.
  3. M. Chiappelline se prononce pas pour le livre X ; mais je vois, jusqu’à preuves sérieuses du contraire, dans le caractère des allusions astronomiques du mythe d’Er, un motif suffisant pour ne pas retarder davantage la date de publication de ce livre (voir dans la Revue, XII, p. 152, mon article sur l’Education platonicienne).