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F. Tocco : Les idées morales en Grèce avant Aristote, par F. Masci (Lanciano, 1882). — Le critique motive largement les éloges qu’il donne à ce livre, dont voici l’économie. Il est divisé en six parties : 1o Introduction, la morale populaire chez les Grecs jusqu’à l’époque de la guerre persique ; 2o Les théories morales dans la philosophie présocratique ; 3o Les sophistes ; 4o Socrate ; 5o Les socratiques ; 6o Platon. Le but de l’auteur, et il l’a atteint, était de fournir une exposition, non absolument neuve, mais rapide, cohérente, pleine et autant que possible complète des théories morales. L’introduction, un des chapitres les plus étudiés et les plus ingénieux, rend témoignage de l’ample érudition de l’auteur. Celle même qu’il y montre de la littérature grecque a pu jusqu’à un certain point lui nuire : il s’abandonne à ses souvenirs classiques au point de donner à ce chapitre une étendue hors de proportion avec le livre tout entier. Mais l’ordre général est bon ; le caractère propre à chaque phase du développement éthique est mis convenablement en relief. Le critique affirme qu’à certains égards Masci est plus clair et plus complet que Zeller, dont il s’inspire. Les conclusions résumées de Masci sont les suivantes : La conscience morale de l’antiquité classique n’ayant devant elle que l’individu isolé ou le citoyen, non l’homme, ne pouvait dépasser ce subjectivisme qui confine la morale dans l’individu, ni distinguer la morale de la politique. Les temps humains attendaient pour naître l’universalité chrétienne, la nouvelle loi charité, de vertu effective et active. Et, d’autre part, une nouvelle morale objective, dégagée de tout fondement religieux, n’était possible qu’au moyen d’une science qui ne plaçât pas la loi et l’ordre moral au delà de la volonté et de la vie. Or cette science exigeait avant tout une analyse qui mit en clarté l’autonomie de la volonté et de la raison pratique, et deux autres, dont l’une montrât la genèse logique et le système, et l’autre la formation historique des idées morales. De ces trois analyses, la première appartient à Kant, la seconde à Hegel, la troisième aux écoles positivistes contemporaines.

Bobba : Le problème de la connaissance selon l’empirisme physiologique et la philosophie expérimentale d’Aristote. — L’auteur ne traite aujourd’hui que la première partie de sa thèse. Il commence par exposer les idées de Comte sur la relativité de la connaissance et sur le dédain de la psychologie à laquelle il proposait de substituer phrénologie ; il reproduit, ensuite les critiques de Stuart Mill sur ces deux points. La clarté est le principal mérite de cette exposition critique, qui n’offre rien de bien nouveau, non plus que les considérations sur la manière dont les physiologistes-philosophes entendent la production des faits mentaux et leur relation génétique sur les systèmes et les centres nerveux.

P. Ragnisco : Le principe de contradiction (2e), Hegel. — La métaphysique des anciens est la métaphysique des choses ; celle des modernes est celle du savoir. L’idée platonique et le nom aristotélique sont déjà faits, ils sont objets de contemplation ; la pensée moderne fait Dieu et