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E. DE HARTMANN. — l’école de schopenhauer

et le bouddhisme. Si le monisme de Schopenhauer correspond à la doctrine védanta et le nihilisme athée de Mainländer au bouddhisme, Hellenbach nous offre de l’analogie avec l’individualisme athée du dogune sankhya. Parmi les autres disciples de Schopenhauer, sous le rapport de la philosophie religieuse, un seul mérite encore d’être pris en considération, Peters : mais son dualisme substantiel est plus analogue à la religion parsi qu’à celles de l’Inde ; sa philosophie religieuse, s’il nous la donnait, se présenterait plutôt comme l’essai d’une synthèse du christianisme et du parsisme, de même que la mienne représente l’essai d’une synthèse du christianisme et des religions de l’inde.

Nous arrivons maintenant aux disciples de Schopenhauer, qui n’ont pas conservé sa métaphysique de la volonté ; aussi ceux-ci d’ordinaire ne se rangent-ils plus dans l’école de Schopenhauer, alors même qu’il subsiste une affinité suffisante pour les y placer dans le sens le plus large.

Lange partage avec Bilharz l’antipathie contre toute métaphysique idéaliste, mais il va jusqu’à l’aversion contre toute métaphysique en général (y compris la métaphysique de la volonté de Schopenhauer et il entre par là en contact avec le positivisme et le scepticisme français et anglais. Il partage ses sympathies entre le matérialisme, dont il est devenu l’historien, et l’idéalisme subjectif ; il accouple les deux à la manière de Schopenhauer, et son exposition plus détaillée ne fait ressortir que plus fortement les contradictions de cet accouplement. Par son brillant exposé de l’idéalisme subjectif, il a le plus contribué, après Schopenhauer et Kuno Fischer, à fonder un néo-kantisme idéaliste. Non seulement il admet l’idéalisme objectif, mais il déclare qu’il est le complément nécessaire des résultats négatifs de sa théorie de la connaissance ; ce que la philosophie scientifique est pour la tête, l’idéalisme objectif doit l’être pour le cœur, en tant qu’il est l’ensemble de toutes les aspirations idéales de l’homme et comme tel, il est vrai, un produit tout subjectif de l’imagination, sans valeur scientifique. Cette doctrine est très bonne pour un temps où il est de bon ton de faire parade d’une disposition d’esprit idéale, mais où il serait presque compromettant de croire à des idéés. Quant au pessimisme, Lange l’admet jusqu’à un certain point pour la réalité empirique, mais il croit trouver dans l’idéalisme objectif (dénué de vérité) l’élément qui en triomphera ; dans d’autres passages, il semble tenir le problème du pessimisme comme généralement posé d’une manière non scientifique et comme insoluble, rien n’étant en réalité bon ou mauvais.

Duhring est par opposition à Lange réaliste pur, non pas réaliste