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BÉNARD. — problème de la division des arts

de Beethoven ? Ce sont là des questions indiscrètes, et nous n’avons pas à examiner ici les raisons de cette thèse nouvelle. Nous la signalons seulement pour indiquer cette face délicate du problème dont nous voulons montrer les difficultés.

Le cadre tracé, la liste close, il est d’autres conditions à remplir si l’on veut que la division, au lieu d’être purement extérieure et artificielle, soit réellement naturelle et philosophique. Il suffit de rappeler les règles de toute division.

Dans une division naturelle, les membres devront être non seulement distincts, mais subordonnés et coordonnés ; leur dépendance mutuelle, leur corrélation et leur subordination seront clairement et rationnellement établies. La gradation qui conduit de l’un à l’autre sera non arbitrairement, mais légitimement marquée. L’ensemble devra former un tout organisé, un véritable organisme où l’unité des arts apparaisse, de même que leur diversité. En un mot, c’est un système des arts qu’il s’agit de former, si l’on veut, je le répète, que ce soit une œuvre vraiment philosophique.

Mais d’abord, et avant tout, quel principe devra présider à l’organisation de ce système ? Ce principe qui doit servir de base à la classification, ou doit-il être pris ? Ceci, remarquons-le, est le point essentiel et capital du problème.

C’est lui, ce principe, qui doit servir à graduer cette échelle des arts. Là est le critérium, la règle et la mesure pour assigner à chaque art sa place, son rôle ou sa fonction dans le système, pour apprécier sa valeur et sa dignité respective vis-à-vis des autres arts. Du choix de ce principe dépend le caractère vraiment philosophique d’une classification des beaux-arts.

Nous ne poursuivrons pas plus loin cet examen. Si, abordant les subdivisions ou les divisons secondaires, on voulait montrer la méthode à suivre pour déterminer les espèces, énumérer et fixer les branches de cet arbre généalogique, il y a aurait bien d’autres conditions à remplir et que nous omettons. Nous avons voulu donner seulement un aperçu du problème dans sa plus haute généralité, c’est ainsi que nous-même nous bornons à le considérer. On a pu en voir la complication et les difficultés. On ne doit pas s’étonner s’il a fallu des siècles et beaucoup d’essais avant d’arriver à sa solution et si dans ses détails cette solution laisse encore beaucoup à désirer.

Mais ce problème a-t-il réellement l’importance que nous lui attribuons ? Il est d’autant plus à propos de l’examiner que les avis à ce sujet ne sont pas tout à fait les mêmes. M. Lotze, dans son Histoire