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revue des périodiques.

Il faut distinguer des cas divers dans la participation réelle à l’acte criminel. Au cas d’action collective, tous les complices sont également coupables ; mais la responsabilité est plus grande lorsque plus grande est la capacité corporelle et intellectuelle ; car il y a alors direction de l’acte.

Au-dessus de ces considérations de détail s’élève la question générale de laquelle elles dépendent : étant donné que l’homme est soumis aux lois biologiques et historiques, la responsabilité d’un criminel est-elle jamais entière ? tout lui est-il imputable, et sa condition, son éducation, son état corporel et spirituel, la société qui l’entoure ne sont-ils pour rien dans son crime ? faut-il se rendre aux arguments du scepticisme, qui voit dans tout acte la résultante nécessaire d’un enchaînement mécanique de représentations et d’idées, ayant en définitive leur source dans la constitution particulière au système nerveux de l’individu, dans les influences héréditaires auxquelles il est soumis. — Hors les cas de maladie, la volonté engagée porte la responsabilité de son acte, lorsque, développée normalement, elle veut contre la justice. Notre volonté est nôtre, notre acte est nôtre ; nous choisissons notre caractère à tous les moments de notre vie ; nous avons le pouvoir de le modifier si nous le voulons réellement : nous sommes ce que nous voulons être.

Wundt. Discussions logiques. — M. Wundt répond aux critiques élevées contre sa logique. — Il avait dit que la psychologie étudie le cours réel des pensées, la logique leur cours idéal, la marche qu’elles doivent suivre pour atteindre la vérité, et qu’enfin la théorie de la connaissance donne à la connaissance son critérium la conscience de ses limites et de ses conditions. — Il justifie cette idée contre Rehmke, qui réclame pour la logique une base théorique de la connaissance, et contre Lipps, qui veut faire de la logique une science psychologique. — Quant à la signification logique et psychologique des notions, il répond à Sigwart en attaquant sa position en logique : 1o il n’admet pas que les éléments du jugement soient des représentations au sens des psychologues ; 2o il nie que l’objet de la logique soit l’étude des notions d’une application universelle.

Wernicke. Aux mânes de Darwin. — Ce sera l’éternelle gloire de Darwin d’avoir chassé la vieille philosophie de son dernier refuge l’idée de l’espèce. Toute la philosophie moderne s’est consacrée à cette tâche de mettre le fait à la place du mot, de rejeter l’au-delà et de l’anéantir. Son premier devoir fut de proclamer la constance des lois de la nature ; le second fut de mettre au jour et d’établir fortement l’idée de l’évolution. Lamarck, Goethe, Oken, Geoffroy Saint-Hilaire, Lyell livrèrent de vigoureux assauts à la vieille idée de l’espèce fixe ; Darwin lui porta les coups décisifs. Mis en éveil par les lois statistiques de Malthus, solidement appuyé sur une science immense, il conçut