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CHAUVET. — la médecine grecque

les mauvais médecins ; des dispositions naturelles et des efforts sans lesquels on ne peut ni l’étudier avec fruit, ni le pratiquer avec succès.

Dans le traité De l’art, véritable apologie de la médecine, il entreprend de la défendre contre les attaques des sophistes, discutant une à une les objections qu’on lui oppose, prouvant son efficacité, aussi bien que sa réalité, et que ce qu’elle ne fait pas, elle ne peut pas le faire.

Dans les Préceptes, ou du moins la première partie, il montre la nécessité de l’expérience et du raisonnement, et qu’il n’y a de salut pour la médecine que dans leur alliance.

Or n’y a-t-il pas là tous les éléments d’une logique, la logique hippocratique de la médecine ?

Dans le Serment, Hippocrate affirme magistralement les devoirs du médecin envers son maître, ses disciples, ses malades, et les place sous l’égide de la religion.

Dans le traité De la bienséance, il expose que la sagesse et la médecine sont essentiellement faites pour s’unir l’une à l’autre : que la médecine doit pratiquer toutes les vertus qu’enseigne la sagesse ; que la sagesse doit ratifier tous les devoirs professionnels du médecin. Il énumère ces devoirs, sans craindre d’entrer dans les détails les plus techniques et les plus minutieux.

Dans le traité Du médecin, il reproduit les mêmes devoirs, en y ajoutant des règles de prudence médicale et chirurgicale.

Dans le traité Des préceptes, mais cette fois dans la seconde partie, sans négliger les prescriptions qui concernent les mœurs, les qualités extérieures, etc., il traite deux questions nouvelles et qui n’ont pas perdu leur à-propos, celle des honoraires et celle des consultations.

Or n’y a-t-il pas là tous les éléments d’une morale, la morale hippocratique de la médecine ?

Dans le traité Des airs, il explique que l’air est partout et principe de tout ; que sa puissance paraît plus visiblement encore dans les êtres animés ; qu’il est proprement en ceux-ci, et singulièrement en l’homme, l’âme ou la vie, et que, à cause de cela, il est la première origine de la santé et de la maladie.

Dans le traité De la maladie sacrée, il fait voir que cette maladie, qui n’a rien de sacré, a son principe dans le cerveau, comme la plus part des maladies, le cerveau étant le lieu où réside l’âme, l’organe où l’air apporte la sensibilité avec la vie, l’intelligence avec la sensibilité. Il établit cette doctrine du siège de l’âme dans le cerveau directement, c’est-à-dire par l’observation des faits, et indirectement,