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CHAUVET. — la médecine grecque

et de peu d’intérêt. Il est à remarquer que, parmi les auteurs, les uns (c’est le plus grand nombre) attribuent la fondation de la secte empirique à Philenus[1], les autres à Sérapion[2] : on peut induire de là que le premier a seulement émis l’idée générale du système, qui est de s’en rapporter à l’expérience seule, et que le second a commencé à la développer[3], en analysant l’expérience et en distinguant ses espèces. La division en observation, histoire et passage du semblable au semblable paraît en effet remonter jusqu’à lui[4]. Ménodote est l’inventeur du mot épilogisme, en opposition au mot analogisme[5]. Il est probable que, avertis par l’empirisme, les dogmatiques, tout en maintenant la nécessité du raisonnement, admettaient l’utilité du passage du semblable au semblable dans certains cas et l’expliquaient à leur façon ; Ménodote l’aurait alors expliqué à la sienne, dans le sens empirique, et aurait consacré cette interprétation par un mot nouveau, pour la mieux distinguer de l’interprétation adverse. Il aurait de plus considéré le passage du semblable au semblable comme un procédé indispensable dans la pratique, mais nullement scientifique. Teutas, partageant la même opinion, se fut également refusé, dans son livre Des parties, à admettre le passage du semblable au semblable parmi les parties de la philosophie[6]. Il semble, avec Héraclide, et peut-être sur ses traces, avoir fait justement remarquer que, si les empiriques n’emploient pas le raisonnement, comme les dogmatiques, pour découvrir les causes des maladies, ils en usent, comme le commun de hommes, pour distinguer le général du particulier, le vrai du faux et le clair de l’obscur[7]. — Une dernière indication : si j’entends bien un passage de Galien[8], le mot trépied appliqué aux trois opérations de la méthode empirique serait de Glaucias.

Le méthodisme, le dernier venu dans la famille des sectes alexandrines, a une autre patrie, comme il a un autre caractère. Plus étroitement lié à la philosophie, ou du moins à une certaine philosophie, c’est à Rome qu’il prend naissance et se développe avec un succès aussi rapide qu’éclatant. Il est représenté tour à tour par Asclépiade, Thémison, Celse, Thessalus, Soranus, Cœlius Aurelianus. L’auteur de l’Introduction ou du Médecin cite encore parmi les méthodiques

  1. Introd. attribuée à Galien, ou du Médecin, ch.  4.
  2. Celse, De re medica, præfatio.
  3. Sprengel, Hist. de la méd., t.  I, p. 483.
  4. Gal. De l’empir., ch.  3 et 13.
  5. ibid., ch.  13.
  6. ibid., ch.  2, 3, 4.
  7. ibid., ch.  2, 3, 4, 13.
  8. ibid., ch.  2, 3, 4.