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Mnaséas, Denys, Proclus, Antipater[1]. Mais les premiers noms, plus célèbres, expriment cette doctrine médicale dans tout ce qu’elle a d’essentiel et de notable.

Il faut encore distinguer entre ces noms. Asclépiade, Thémison et Thessalus sont évidemment les trois grandes personnalités méthodiques. Ils sont cités comme tels par tous les anciens, singulièrement Galien et Cœlius Aurelianus. Celui-ci met toujours en première ligne Asclepiade et Thémison[2] ; il cite moins souvent Thessalus, mais encore avec honneur[3]. Celse, qui n’était peut-être pas même médecin, n’a fait que rédiger excellemment la doctrine de ses maîtres ; on ne saurait rien de Soranus sans Cœlius Aurelianus ; et, si celui-ci n’est pas un simple traducteur, il est difficile toutefois de voir autre chose qu’un commentaire ou une compilation dans le traité Des maladies aiguës et chroniques[4].

Or Asclepiade, Thémison et Thessalus paraissent avoir chacun leur rôle spécial. Asclépiade est le physicien de la doctrine, et, quoiqu’il tire de son système de la nature en général et de la nature humaine en particulier une méthode médicale conséquente et des applications médicales rigoureuses, il laisse sur ces deux points beaucoup à faire à ses successeurs : ce qui nous explique comment Galien attribue la fondation de la secte à Thémison, et fait figurer Asclepiade parmi les dogmatiques, à la suite d’Erasistrate[5]. Thémison est le logicien par excellence du méthodisme, et comme le méthodisme, ainsi que l’indique le terme même, est tout dans la méthode, on conçoit qu’il ait pu en être considéré comme l’auteur. Thessalus, esprit inférieur, bien que trop maltraité par Galien, est encore un logicien à sa façon. Il simplifie la méthode déjà si simple de Thémison, sans y apporter de modifications essentielles.

On voit que ces médecins sont en même temps philosophes dans une large mesure, on pourrait dire sont premièrement philosophes, puisque leur thérapeutique est toute dans leur logique, et celle-ci toute dans leur physique. Ainsi que l’a remarqué l’auteur d’une thèse sur Asclepiade[6], les méthodiques ne s’inspirent pas seulement de

  1. Gal., De l’empir., ch.  4.
  2. De morbis acutis et chronicis. I, 14, 15, 16 ; II, 9, 12, 23, 38, etc.
  3. ibid., II, 33, 37 ; III, 17, etc.
  4. De cette phrase de Cœlius : « Soranus autem, cujus verissimas apprehensiones latius sermone describere laboramus (II, 27), » on a conclu qu’il n’avait fait que traduire Soranus. C’est exagérer le sens de describere. On voit par mille passages que Cœlius reproduit la pensée de Soranus, mais librement. Quand il cite simplement, il l’indique (II, 19, 22, 26, 29, 31, 33, 34, 37, etc.).
  5. Introd. ou du Méd. ch.  4 ; Des fac. nat., I, 17 ; De l’us. des part., pass.
  6. Raynaud, De Asclepiado Bythino, medico et philosopho, ch.  1.