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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Jeanmaire (Charles). L’idée de la personnalité dans la psychologie moderne. — Étude sur le moi, la conscience et la connaissance de soi-même dans les doctrines psychologiques dérivées de Hume, de Kant et de Maine de Biran. Toulouse, Privat. Paris, Germer Baillière, in-8o, 433 pp.

Le livre de M. Jeanmaire, une thèse de doctorat présentée à la Faculté de Lyon, est un travail sérieux et intéressant. L’auteur y expose avec soin et y critique de nombreuses théories modernes sur la personnalité ; il nous donne ensuite sa propre théorie, sur laquelle nous reviendrons tout à l’heure. Voyons d’abord comment M. Jeanmaire distribue les systèmes qu’il se propose d’examiner.

« Les théories les plus connues auxquelles l’étude de la personnalité a donné lieu, si l’on néglige les différences de détail, peuvent se ramener à trois types distincts, ou être considérées comme tendant vers trois directions principales. Une doctrine qu’on a appelée phénoméniste considère le moi comme une succession ou un agrégat de phénomènes : c’est celle qui dérive plus ou moins directement de Hume et qui a été exposée en Angleterre par Stuart Mill, par MM. Spencer et Bain, et en France par M. Taine. Une autre, dans laquelle domine le point de vue abstrait, logique et je dirais presque idéologique pour éviter de dire représentalioniste, fait du moi une idée, un produit de la pensée, ou une représentation qui est un cadre, un centre, une loi d’autres représentations ; tel est le caractère des théories qui se rattachent soit à la philosophie de Kant, soit à celle de Schopenhauer et de M. de Hartmann, soit à celle de Herbart en Allemagne, et en France de M. Renouvier. Enfin la doctrine qui dérive de Maine de Biran, qu’on a quelquefois qualifiée de métaphysique abstraite et creuse, et qui est cependant une psychologie positive, puisque, au lieu de prendre pour point de départ, et de conserver comme base de son système, un phénomène tel qu’un mouvement nerveux, dont on ne connaît encore presque rien, une sensation, qui n’est qu’une abstraction, quand on la sépare des faits qui l’accompagnent et de l’être qui l’éprouve, une idée ou une représentation qui n’ont d’existence qu’en qualité d’actes ou de