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pénétration. Sa théorie psychologique du moi consiste surtout à reconnaître le rôle de la personnalité dans la formation ou dans la continuation de la personnalité. Il y a là une vue très juste, mais connue : sa théorie métaphysique, on vient de la voir. Objectera-t-on à ces remarques que l’auteur a voulu surtout analyser et critiquer les systèmes des autres philosophes plutôt qu’en proposer un lui-même ? Il est vrai que le livre de M. Jeanmaire est surtout une étude critique ; mais l’auteur a cependant consacré une grande partie de son livre à des vues personnelles, soit en critiquant les autres systèmes, soit dans une exposition séparée. J’ajouterai d’ailleurs que les discussions de M. Jeanmaire sont souvent très bonnes, d’une logique serrée, forte et pénétrante. Malheureusement, le tout n’est pas bien homogène ; les mêmes questions sont traitées à diverses reprises, sans que cela soit bien justifié ; il y a de temps en temps des développements parasites, la doctrine n’est pas assez cohérente ; l’ouvrage eût gagné à être raccourci considérablement, l’auteur l’a peut-être fait trop vite.

J’aurais voulu aborder ici plusieurs questions intéressantes traitées par M. Jeanmaire et qui se rattachent à la théorie de la personnalité ; j’ai dû me borner, pour n’être pas trop long, à la plus générale ; j’indiquerai donc seulement des études sur les rapports de la conscience et de la connaissance, sur la compréhension du moi, sur le développement du pouvoir personnel.

Fr. Paulhan.

J. Frohschammer : Ueber die Principien der Aristotelischen Philosophie und die Bedeutung der Phantasie in derselben.Sur les Principes de la philosophie d’Aristote et le rôle de l’Imagination dans cette philosophie. München, Ad. Ackermann. 1881.

L’ouvrage principal de M. Frohschammer a été analysé dans cette Revue (février 1878). La publication nouvelle que nous avons à faire connaître fait suite à d’autres écrits du même genre dont le but est le même ; c’est de confirmer le système de l’auteur en montrant que ce système offre avec les précédents, chez les plus illustres philosophes, des ressemblances et des analogies ; c’est ainsi de le faire accepter des esprits auxquels il paraîtrait d’abord étrange et sorti tout entier de l’imagination qui l’a créé. Ce qu’il a fait déjà pour Kant et pour Spinoza[1], M. Froschammer le fait aujourd’hui pour Aristote ; il veut renouer le fil de la tradition avec la philosophie ancienne.

Nous n’avons pas à nous prononcer sur ce système, qui offre, en effet, dans sa base, beaucoup moins de nouveauté qu’on n’est porté d’abord à lui en attribuer, et où l’on retrouve partout des résultats empruntés à Schelling, à Hegel, à Kant, etc. Nous voulons seulement donner une

  1. Le rôle de l’Imagination dans la philosophie de Kant et de Spinoza. 1878. — Voir pour un autre ouvrage le dernier numéro de la Revue.