Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 16.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
322
revue philosophique

maternelle créatrice immédiate solaire-astrale simple, après avoir créé nos sœurs ainées Neptune, Uranus, Saturne, Jupiter et Mars, desquelles nous pouvons dire Facies non omnibus una, nec diversa tamen qualem decet esse sororum, a formé d’abord le corps de notre humanité terrestre avec les trois règnes couronnés par les hommes primitifs ou l’humanité primitive dans les époques géologico-paléontologiques, et entrepris ensuite son éducation morale-scientifique ou la formation de son esprit dans nos civilisations, c’est-à-dire dans les époques historiques (p. xlv). »

Nous pouvons maintenant traverser le système, à vol d’oiseau. Il embrasse l’univers et l’humanité sous le double aspect physique et moral, par une application de ces principes empiriquement découverts : continuité de composition dans le développement de la nature, continuité de conception dans le développement de l’histoire, Quoique positiviste, M. Nerva croit aux causes premières, créatrices, maternelles ; il les cherche, et il les trouve, dans les cieux, dans la nature et dans l’humanité. Il considère d’abord dans l’enfant trois phases qu’il appelle ovulaire, fœtale et parfaite ; il les rencontre dans tous les êtres, et il en compose une embryogénie générale, inductive, paléontologique. Cette conception embryologique lui fait naturellement présupposer une maternité, une cause première, universelle, intelligible, Dieu (les saint-simoniens disaient Dieu la mère). Il expose longuement sa trine embryologie, embryologie céleste, embryologie naturelle paléontologique, embryologie humaine morale historique. La vie céleste ou cosmique doit son développement à ces trois dynamismes créateurs : la chaleur, la lumière, l’électricité chimique. Elle se développe en parallélismes ascendants, tout ainsi qu’il arrive dans la flore et la faune terrestres, et dans l’histoire humaine. Aux trois dynamismes créateurs correspondent les trois règnes minéral, végétal, animal, les trois civilisations fétichiste, polythéiste, monothéiste. Ces trois règnes, ces trois civilisations se développent suivant un parallélisme ascendant, qui a inspiré à M. Nerva l’idée originale d’une Science nouvelle des parallélismes (p. dii-dlii). Ce parallélisme se rencontre, au surplus, dans les trois octaves musicales, subdivisées en six ondulations répondant aux six couleurs. S’il est vrai, comme l’affirmait sérieusement Jacotot, que tout est dans tout, n’y aurait-il pas, pour la vieille métaphysique épuisée, quelques nouvelles ressources à tirer des profondes inspirations de la musique ? Nous posons la question à nos lecteurs, dégagés de parti pris, en leur mettant sous les yeux ce second extrait du livre de M. Nerva :

« Les parallélismes, comme nous les entendons, commencent donc ici (p. xxxix) à se dessiner très nettement, en ce que ces trois rayons très distincts et différents, au lieu de se continuer, comme les trois degrés typiques précités, de chacun d’eux, d’une manière pour ainsi dire directe, se continuent en se répétant et en se superposant l’un à l’autre à peu près comme trois lignes parallèles ; ou si l’on veut