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notices bibliographiques

bon droit que les professeurs chargés d’enseigner la philosophie ne se soient pas préalablement, je ne dis pas informés, mais pénétrés « des vérités qui se démontrent à l’amphithéâtre, au laboratoire et à la clinique »,

Nous estimons, comme M. Guardia, que la connaissance socratique de l’homme est insuffisante, que la psychologie est aux trois quarts la philosophie du cerveau, et, il faut insister là-dessus, la philosophie des viscères, que l’histoire des doctrines médicales devrait être enseignée dans ses intimes rapports avec l’histoire des systèmes philosophiques. Nous ne voyons pas non plus grand’chose à objecter à l’idée suivante : « C’est à un philosophe naturaliste, fortement initié à la médecine, ou, si l’on aime mieux, à un médecin philosophe, que doit appartenir la tâche d’ouvrir à la jeunesse ce nouvel horizon. » Mais nous ne saurions admettre, avec l’auteur, qu’il n’y a aucune réforme à attendre des ministres autoritaires ni de la routinière Université.

Soyons justes. L’Université avance lentement, mais elle avance. Elle améliore un peu chaque jour programmes et méthodes, N’a-t-elle donc rien fait relativement aux sciences physiques et naturelles ? La science de l’homme est beaucoup mieux enseignée aux élèves de philosophie. La métaphysique, hélas ! n’est pas encore éliminée de leur classe ; mais elle est reléguée tout au fond, près de la porte de sortie, en attendant mieux. On a proposé d’autres réformes, qui seront discutées, qui sont à l’étude. Mentionnons, entre autres, un projet de M. E. Boutroux sur l’organisation de l’enseignement philosophique dans les Facultés des lettres (Revue internationale de l’enseignement, 15 mai 1882). L’auteur du projet propose la création d’un doctorat spécial, dit doctorat de philosophie, auquel pourraient se présenter, non seulement les licenciés ès lettres, mais encore les licenciés ès sciences, les docteurs en droit et les docteurs en médecine. La philosophie universitaire, que l’on dit réfractaire au progrès, s’occupe donc de faire chez elle une part de plus en plus belle aux sciences, voire à la médecine. Il ne convient pas d’exagérer, encore moins de méconnaitre la portée de ces projets de réformes, qui s’attaquent aujourd’hui au plus pressé, au plus facile, à la réorganisation de l’enseignement supérieur, et qui demain viseront celle de l’enseignement secondaire et primaire.

Bernard perez.

Ch. Lagrange.Le christianisme et la méthode expérimentale, broch. in 8o, XVI-147 p.. Lausanne, Imer, 1883.

Cet opuscule, qui, par son ton plus encore que par son sujet, ne rentre que bien juste dans le cadre de cette Revue, est une marque assez intéressante du discrédit où tombent les arguments métaphysiques. Si la philosophie moderne hésite à se rallier à la doctrine de l’école positiviste qui proscrit absolument cet ordre de recherches,