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ANALYSES.a. berra. Apuntes para un curso, etc.

Une fois en possession des deux principes fondamentaux de l’enseignement, l’un qui se rapporte à ce que l’on doit enseigner, l’autre qui se rapporte aux moyens enseigner, M. Berra passe à l’étude approfondie des seize lois qu’il fait dériver de ces principes : ce sont les lois d’intégrité, de suffisance, d’unité et d’universalité, dépendant du principe de corrélation finale ; et les lois d’exercice des propres facultés, de conformité, d’adaptation, de répétition de l’exercice, de continuité de l’exercice, d’alternation des exercices et du repos, d’ordre logique, de coordination, de progression, d’attention, des motifs, des objets, des formes, dépendant du principe de corrélation subjective, L’auteur étudie chacune de ces lois dans ses rapports avec l’instruction et l’éducation, ce qui lui permet d’établir ce qu’on peut appeler la pédagogie théorique ou plutôt inductive.

Dans la partie déductive, M. Berra applique ces lois successivement aux matières ou au programme d’instruction ; à l’éducation générale, soit physique et mentale ; à l’éducation spéciale, ou à l’éducation considérée relativement aux diverses matières d’instruction ; au gouvernement de l’école ; à l’élève et au maître. Tout se tient, dans ce système admirablement construit avec les données seules de l’expérience ; les principes sont bien établis, tout s’y ramène avec rigueur ; à peu près rien d’essentiel n’est oublié. Nous regrettons pourtant que le plan adopté par l’auteur l’ait mis dans la nécessité de se répéter souvent, et surtout de morceler par trop une matière qu’il aurait d’ailleurs été difficile de présenter avec ordre et clarté en recourant à une méthode un peu plus synthétique. Il faut, nous l’avouons, une certaine dépense de temps, avec quelque effort de volonté, pour retrouver toutes ses idées au milieu ce va-et-vient des principes allant à la rencontre de leurs applications successives et diverses. Nous reprocherions, en outre, à notre médecin philosophe, un certain excès d’analyse, une dissection un peu trop minutieuse du sujet.

Ces réserves faites, et, tout à la fois pour rendre pleine justice à M. Berra et pour contribuer à lui gagner des lecteurs compétents, nous voulons dire qui ne séparent pas la pédagogie de la philosophie naturelle, nous croyons devoir montrer, par l’extrait le plus court que nous ayons pu faire, comment l’auteur entend l’application des lois par lui égarées des faits.

« 1. Ce que l’élève doit être en vertu de la loi d’universalité. — Cette loi, qui étend l’enseignement à toutes les catégories de personnes, réunit dans l’école indifféremment les deux sexes (M. Berra est partisan des écoles mixtes), le pauvre eu le riche, le blanc et le nègre, le national et l’étranger, comme égaux entre eux, ayant même droit d’apprendre, sujets des mêmes lois scolaires, encouragés par l’espoir d’atteindre au même but. À l’école, les classes sociales, bien qu’existant au dehors, disparaissent ; le sentiment de la dignité naît et se fortifie. Des liens d’affection sont créés entre tous les condisciples ; l’empire de la démocratie se prépare ; les uns et les autres apprennent