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à se connaître et à se respecter ; et spécialement l’homme et la femme, destinés par la nature à réaliser en communauté de vie les plus nobles aspirations de l’être humain.

« II. Ce que l’élève doit être en vertu des lois de conformité, d’adaptation et d’exercice propre. La loi de conformité établit que les choses doivent être étudiées et les exercices opérés avec les facultés qui naturellement leur correspondent ; la loi d’adaptation prescrit que ces facultés, soit corporelles, soit mentales, objet d’instruction ou d’éducation, doivent dans chaque cas fonctionner selon la méthode par laquelle elles s’adaptent à la nature de l’objet ; et la loi d’exercice propre, que ce soit l’élève lui-même qui applique ces facultés et emploie ces méthodes. C’est lui, en effet, qui est le sujet principal, le véritable sujet de l’enseignement. S’agit-il de connaître, c’est lui qui observe, qui juge, qui abstrait et généralise, qui raisonne, en un mot, qui apprend tout ce qu’on veut qu’il sache. S’agit-il de recevoir l’éducation, c’est encore lui qui exerce ses membres ou son cerveau, qui opère le développement de ses forces, qui se forme aux habitudes facilitant les actions de toute sorte qui concourent à rendre les hommes heureux, dignes et estimables. L’accomplissement de ces lois lui révèle sa personnalité, lui donne conscience de ce qu’il peut, le prédispose à entreprendre le chemin de la vie avec des desseins larges, libre de préoccupations et riche de solides espérances.

« III. Ce que l’élève doit être selon les lois de suffisance, de répétition, de continuité, d’alternation. — La loi d’intégrité veut que l’élève, embrasse toutes les matières d’instruction et d’éducation, et la loi de suffisance qu’il les embrasse depuis le commencement jusqu’au terme de l’éducation, jusqu’au moment où il aura acquis le degré de savoir, de vigueur, de force d’habitude qui suffit pour satisfaire aux nécessités de la vie civilisée. D’autre part, les lois de répétition, de continuité et d’alternation imposent le devoir de ne pas terminer les exercices avant d’être parvenu aux fins de l’enseignement, de ne pas les suspendre par des arrêts compromettant les résultats de l’effort utile, de ne pas les prolonger au delà du moment où l’état de fatigue indique le besoin du repos. Toutes ces prescriptions concourent à caractériser de plus en plus la personnalité de l’élève et à déterminer les conditions dans lesquelles il doit user de ses forces. Le sujet n’est pas tel par rapport à certaines matières, ni dans des circonstances déterminées : il l’est toujours, du début à la fin de son rôle scolaire ; son autonomie n’est pas, non plus, illimitée et toute-puissante au point d’être susceptible de l’extension et de la force que l’on veut. Il faut donc qu’il s’accoutume à exercer sa personnalité dans ses limites naturelles, et à diriger sa conduite selon les règles de la prudence et sous les impulsions d’une volonté énergique et persévérante.

« IV. Ce que l’élève doit être en vertu des lois de coordination, d’ordre logique, d’unité, des objets, d’attention. Les lois de coordination, d’ordre logique et d’unité l’obligent à trouver dans ses connais-