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ANALYSES.a. berra. Apuntes para un curso, etc.

sances et dans les faits de son éducation les affinités naturelles qu’elles ont, à les ordonner suivant leurs dérivations propres, à les relationner entre elles en sorte que tout s’enchaîne dans une conception générale et harmonique. La loi des objets l’accoutume à chercher toute science dans la nature et à subordonner tous ses ouvrages aux lois naturelles ; la loi d’attention le soumet à l’une des conditions les plus générales et les plus nécessaires du travail humain. Ces lois opérant constamment dans l’enfant et dans le jeune homme, ils procèdent en sujets réfléchis et se familiarisent avec les rapports intellectuels qui doivent exister entre l’homme et la nature. Outre l’habitude d’observer et de penser avec la profondeur compatible avec leur vigueur d’esprit, ils acquièrent celle de prendre le monde pour la source de toutes connaissances et de travailler eux-mêmes comme des explorateurs de la nature. Ils prennent confiance dans leurs propres forces, ils s’émancipent de tous les sentiments, mœurs et préoccupations qui éloignent l’homme des voies de la vertu, qui sont celles de la science.

« V. Ce que l’élève doit être selon les lois de progression, des motifs, des formes. — La loi de progression lui faisant graduellement étendre le cercle de son action physique et mentale, et la loi des motifs le portant jusqu’au degré le plus élevé du progrès par la puissance des mobiles, de plus en plus nobles, l’élève devient un être perfectible, une force capable d’évolution, soumise dès les premiers jours de la vie aux multiples influences qui agissent sur la vie réelle des collectivités humaines, mais habituée à suivre les saines impulsions du cœur et de esprit, quelles que soient les luttes que se livrent entre elles les diverses forces qui produisent la conduite individuelle. La loi des formes, qui règle le monde extérieur, comme le maître doit diriger l’enseignement, caractérise l’élève comme sujet incapable plus ou moins de se diriger par lui-même, partant subordonné à l’autorité du maître dans la tâche qui incombe à ce dernier de l’émanciper de son incapacité et de le transformer peu à peu en sujet raisonnable, doué d’entière autonomie, Telle est la personnalité de l’élève des écoles primaires, à peine ébauchée à grands traits, d’après les lois dans lesquelles se condense la science pédagogique. Que les maîtres la connaissent et la respectent avec une sorte de vénération (626-629). »

Si nous avons donné une idée à peu près exacte de l’objet et des divisions du livre, de la méthode et de l’esprit de l’auteur, on nous accordera sans doute que nous annonçons ici un travail des plus sérieux. C’est le plus complet, à notre connaissance, de ceux par lesquels la pédagogie a pu s’affirmer. M. Berra ouvre une voie où l’on doit marcher d’après ses indications, si l’on veut faire plus encore en pédagogie, si l’on veut faire œuvre qui vaille. On peut déclarer que d’ores et déjà grâce à lui, la science de l’éducation est un fait. Peu importe le plus ou moins de nouveauté des données que l’auteur des Apuntes a fait concourir à son œuvre, si dans ses lignes essentielles l’édifice véritablement scientifique. M. Berra se félicite du résultat, et il a raison. Il