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Quant à la notion de matière et de force, si l’ancienne théorie est condamnée sans retour, si l’atome n’est plus, comme dit Taine, qu’un centre géométrique de forces, on tombe forcément dans des contradictions insolubles, lorsque l’on prétend pénétrer dans un domaine fermé à la connaissance de l’homme.

R. Lehmann. Rapports de l’idéalisme transcendantal à l’idéalisme métaphysique. — L’idée métaphysique des choses en soi fut le point de départ du dogmatisme idéaliste issu de Kant. Le néo-kantisme, s’il veut sauver les grandes pensées de la critique, doit soumettre à un nouvel examen ce point faible de la philosophie de Kant ; réaliser cette tâche, c’est montrer que l’idéalisme ne dérive point nécessairement de l’idéalisme transcendantal, c’est donner le coup de grâce à toute métaphysique, et restituer en sa pureté la vraie théorie kantienne de la connaissance.

Lehmann cherche à montrer que la déduction des choses en soi est en contradiction avec les thèses fondamentales de la critique de la raison. En effet, elle emploie illégitimement le principe de causalité, sur lequel elle base son réalisme. — D’autre part, l’idéalisme métaphysique fait du même principe un usage non moins illégitime, en lui donnant une portée subjective, en faisant du moi la cause des phénomènes. — La théorie kantienne de la chose en soi et, au même titre, sa déduction des catégories, doivent être rejetées par la critique conséquente de la raison, laquelle condamne comme non scientifique et sans portée toute construction métaphysique.

E. Colsenet. La vie inconsciente de l’esprit. Paris, 1880. — C’est une réunion fort méritoire des résultats acquis par la psychologie sur ce Sujet, augmentée des idées personnelles de l’auteur et d’une critique continue de Hartmann. Le point de vue est celui du positivisme français. La science, dit l’auteur, ne doit s’occuper que des faits et de leurs relations ; mais, dit Schaarschmidt, il se trouve être inconséquent avec lui-même dès qu’il cherche à tirer des conclusions, et c’est là le sort de tous les positivistes. — De même, l’auteur admet une pluralité de consciences à l’état normal ; il est permis de douter que ce soient là réellement des consciences ; — tout aussi peu fondée est sa théorie de la conscience totale, résultat des consciences partielles, et cependant ayant le pouvoir de les réunir et de les concentrer toutes. — Malgré tout, ce travail se recommande par l’abondance des matériaux qu’il nous fournit ; bien des parties témoignent d’une réflexion pénétrante ; l’ensemble ne laisse pas de présenter un grand intérêt.

Blackwood’s philosophical classics.I. Mahaffy. Descartes. — L’auteur se préoccupe surtout des circonstances de la vie de Descartes, qu’il nous présente avec ses faiblesses et ses défauts. L’ouvrage diffère sous ce rapport de la façon dont l’histoire est traitée par Kuno Fischer,