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de qui il s’écarte sur bien des points. C’est un livre de grand mérite ; il convient surtout de relever le jugement impartial porté par Mahafñfy sur son compatriote Bacon, et sa réhabilitation très heureuse de Voëtius.

IV. Adamson. Fichte. — L’ouvrage, écrit dans une forme intéressante, est très utile à consulter. L’auteur, racontant la vie de Fichte, rend parfaite justice à son caractère énergique, à son patriotisme, aux aspirations élevées de son esprit ; on ne saurait guère relever dans cette première partie que quelques inexactitudes insignifiantes. — L’exposition de la philosophie de Fichte est précédée d’un chapitre où l’auteur marque la différence entre les méthodes psychologique et transcendantale. Il montre fort bien, dit Schaarschmidt, que fa première ne donne que l’apparence de la science, et que la seconde seule est vraiment scientifique. — Adamson caractérise exactement le système de Fichte en disant que c’est Spinoza dans les termes de Kant. Il montre bien le passage de Fichte à sa seconde philosophie, laquelle, selon lui, n’est que la conséquence directe de la première ; — toujours est-il qu’elle porte un caractère religieux et mystique que n’avait point la première.

V. Wallace. Kant. — Sous sa forme populaire, cet ouvrage mérite l’attention des spécialistes. Après la biographie de Kant, l’auteur passe en revue ses œuvres, en donnant trop peu de place à la Critique du jugement et à celle de la Raison pratique. Kant est mis d’une manière très heureuse à la portée des lecteurs, si ce n’est que l’auteur a le tort de présenter Kant comme plus positiviste qu’il n’est : Kant n’est nullement phénoménaliste au sens de nos jours ; on ne saurait insister trop sur les côtés métaphysiques de sa doctrine.

E. Wille. Doctrine de Kant sur l’unité primitive synthétique de l’aperception. — Schopenhauer, Trendelenburg, Kuno Fischer, H. Cohen ont faussement interprété ce point de la doctrine kantienne. Selon eux, ce serait l’aperception transcendantale du moi, la conscience de soi, — au lieu que c’est l’unité synthétique primitive introduite par les catégories dans les représentations isolées.

Ed. de Hartmann. Les notions fondamentales dans la philosophie du droit de Lasson. — Lasson est avant tout téléologue ; c’est le premier trait qui constitue peut-être le mérite principal de son livre en face des tendances empiriques de l’époque. Mais, d’autre part, cette notion du but a chez lui un caractère formel qui rappelle Kant et est le point faible de sa conception. Cependant, comme il soutient que l’idée de la justice est immanente à l’évolution positive et historique du droit, et qu’il n’existe de droit comme tel que dans une organisation positive du droit, ce caractère formel est sans gravité et ne met nullement en péril la valeur de l’ouvrage.

La philosophie du droit est, dit Lasson, « la science du juste, en tant