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MARION. — james mill

n’en sentit que plus vivement l’intérêt qu’il y avait à préparer cette histoire en continuait l’enquête qu’il avait commencée.

Il visita la paroisse de Logie Pert, vit l’emplacement du cottage de Mill le père et les lieux où s’écoulèrent ses premières années, interrogea toutes les personnes qui pouvaient lui donner des renseignemnents, compulsa les registres publics, poussa par lettres ses recherches en tous sens. Le succès d’un premier article, publié dans le numéro I de Wind, l’encouragea à donner une vie complète de son personnage, avec le concours des membres survivants de la famille. Les difficultés étaient grandes, les données certaines fort rares, la plupart des contemporains morts, d’innombrables lettres détruites : au lieu d’avoir à choisir entre une multitude de documents, il fallait faire usage de tout ce qu’on trouvait. M. Bain interrogea l’histoire générale, à laquelle Mill a été mêlé et la biographie, des personnes dont la carrière fut liée à la sienne ; il obtint communication de beaucoup de lettres inédites, notamment de la correspondance avec lord Brougham. En tête du volume, il donne un portrait de son personnage d’après un dessin appartenant à Mme Grote. Mais ce qui fera sans doute le plus grand prix de sa publication, c’est qu’il a pris la peine de compulser et de nous faire connaître par d’amples extraits un grand nombre d’écrits de Mill, épars dans des périodiques dont la collection ne se trouve plus que dans quelques rares bibliothèques : écrits d’autant plus difficiles à rechercher que la plupart ont paru sans signature, mais d’autant plus intéressants, que l’influence historique en a été considérable.

I

James Mill naquit le 6 avril 1773, à Northwater Bridge, paroisse de Logie Pert, comté de Forfar (Écosse). Il était l’ainé de trois enfants.

Son père, qui s’appelait aussi James, était cordonnier : c’était un homme honnête, actif, d’une grande piété et d’une intelligence médiocre ; il avait d’abord exercé son état à Edinburgh et connu une certaine aisance, avant de venir, on ne sait pourquoi, se fixer dans un hameau de 70 habitants, uniquement peuplé de petites marchands, d’ouvriers et de cultivateurs.

Sa mère, Isabel Fenton, était fille d’un fermier du même comté, qui avait été dans une position florissante, mais l’avait perdue en prenant part au soulèvement de 1745 en faveur des Stuarts. Venue à Edinburgh en qualité de servante, elle s’était mariée à dix-sept ans. Dans les cottages de Northwater Bridge, elle a laissé la répu-