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une promesse, il ne demandait qu’à venir en aide aux siens. Sa sœur mourut en 1837 et son beau-frère beaucoup plus tard, à Montrose, où leurs deux fils, plus heureux qu’eux, avaient fondé une maison de draperie aujourd’hui encore florissante,

Nous sommes en 1808. M. Bain rapporte à cette année un article dans l’Edinburgh Review sur la monnaie et l’échange, et deux articles dans l’Annual Review, l’un sur un Fragment historique de Fox, l’autre sur la Réforme écossaise de J. Bentham. Je ne parle pas de l’Histoire de l’Inde, qui est pour des années la grande occupation de Mill. L’article sur Fox a cet intérêt qu’il est une vraie profession de foi. Le fragment historique dont il s’agit offrait une vive peinture de Ja tyrannie subie par l’Angleterre sous les règnes de Charles II et de Jacques II. Mill loue hautement l’auteur « d’exciter contre ce régime la haine et l’indignation du lecteur, de soulever le mépris et l’horreur de toute âme virile contre la bassesse et la vénalité qui, en ces temps de lâche délation, menaçaient de devenir des traits dominants du caractère national. » Il flétrit, « les historiens serviles et fanatiques, qui se sont évertués à déguiser les énormités de cette période, à faire l’apologie des sycophantes et des despotes, et qui ont si largement contribué à corrompre le sens moral du peuple anglais, à éteindre en lui l’amour du pays, l’esprit d’indépendance, le désintéressement, le courage civique. » Ce qui lui plaît surtout dans le livre de Fox, c’est l’inspiration morale, toute propre à relever l’esprit public et à enflammer le patriotisme ; c’est la sympathie ardente et communicative de l’auteur pour la cause de la liberté. Sous ce rapport, il ne lui connaît pas de rival parmi les historiens anglais. Quant au mérite littéraire, il vante la vie de ses personnages, la vérité et la couleur de ses peintures, mais il reproche franchement au grand orateur une certaine inexpérience de plume, et plus de facilité que de force ou de finesse dans le style.

L’article sur Bentham est, à propos d’un opuscule particulier, un exposé général des vues de ce philosophe sur la réforme de la législation. « Tout ce qui sort de la plume de M. Bentham, dit le reviewer, a droit à une profonde attention. De tous les hommes qui ont, dans n’importe quel temps et quel pays, cultivé la philosophie du droit, nul n’a fait autant que lui pour le progrès de cette étude. Si tout ce que lui doit la science de la législation n’est encore connu que d’un petit nombre de ses compatriotes, c’est que le manque d’instruction est pitoyable parmi eux, et petit le nombre de ceux qui prennent quelque intérêt aux plus importantes recherches. M. Bentham n’a pas seulement une profonde connaissance des principes du droit ; la pratique aussi lui en est familière, et chez nous et dans d’autres