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MARION. — james mill

rant dans la création de l’Université de Londres, création d’un caractère & ouvertement benthamiste, que, malgré l’appui de lord Brougham, on n’obtint qu’à grand’peine l’autorisation ministérielle, les ministres « n’osant regarder en face la bigoterie d’Oxford » not daring to face Oxford bigotry. — La vie de Bentham et celle de Mill sont si étroitement liées, durant toute cette période, que, dans une grande partie de son livre, M. Bain semble écrire les deux biographies à la fois.

Je le répète, d’ailleurs : peu ou point d’événement ; un labeur continu, une activité intense, incroyable, interrompue seulement de loin en loin par des maladies, surtout par de violents accès de goutte. Une ou deux fois Mill pensa mourir. « Mon plus grand chagrin, écrit-il à Bentham, aurait été de laisser inachevée l’éducation de ce pauvre enfant (John). Vous lui témoignez tant d’amitié, que je songeais à le confier à vos soins. Peut-être vous aurait-il un jour payé de vos peines en nous faisant honneur à tous deux. »

L’Histoire de l’Inde parut en 1817. On a peine à comprendre comment Mill put jusque-là suffire par sa plume seule à toutes ses charges, en menant à bien ce travail de longue haleine, plein de promesses, il est vrai, mais austère et ingrat en attendant. Ce n’est pas là le moindre signe de sa force de volonté et de sa puissance de travail. Il écrivait à la fois dans plusieurs recueils, sur toutes sortes de sujets, rendant compte des ouvrages les plus divers, d’histoire, de législation, d’économie politique, et donnant en même temps des articles de fond, dont quelques-uns d’une portée véritable. Pour le dire en passant, on ne peut s’empêcher de remarquer la similitude, je pourrais dire l’identité de tous ses sujets de prédilection avec ceux qui font la matière des écrits de Locke : la parenté de ces deux esprits est frappante, malgré la différence des temps et des caractères. Ainsi, un des thèmes favoris de Mill est la question de la Tolérance religieuse, un autre celle de la liberté politique. Dans le supplément de l’Encyclopædia Britannica, entrepris en 1814 par Napier, il donnera tour à tour les articles Gouvernement, Jurisprudence, Liberté de lu presse, Prisons et Discipline des prisons, Colonies, Droit international (Law of nations), Éducation, Mendiants, Sociétés de secours mutuel, Banques d’épargne, articles dont le premier fat un événement public et dont plusieurs sont de véritables traités.

Mais ce n’est guère qu’après 1816 qu’il prit une part active à la rédaction du Supplément ; tant qu’il travailla à son Histoire, il ne fit que préluder sur ces divers sujets, dans les publications périodiques par des exquisses assez courtes. À la Revue d’Edinburgh, les articles étaient payés jusqu’à 25 guinées (650 francs) la feuille et jamais moins de 16 guinées. Même à ce taux, M. Bain calcule que