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BEWAN LEWIS. — localisations cérébrales

Il y a une question de droit relative à la signification véritable de ce qu’on appelle les centres moteurs de l’écorce corticale. Sont-ils le siège de véritables activités idéo-motrices, comme l’enseigne Ferrier ? ou ces activités doivent-elles être reléguées dans un système subordonné, tout à fait en dehors de la sphère de l’esprit comme Charlton Bastian l’affirme ? À cette question s’en rattache une autre : Pouvons-nous négliger cette très importante défaillance mentale qui succède immédiatement aux attaques paralytiques ou aux attaques convulsives limitées de la paralysie générale, — ce rapide processus descendant qui doit son origine à une monoplégie corticale ou à un monopasme ? Si l’excitation de ces centres moteurs aboutit à raviver des mouvements idéaux, il est de la plus haute importance de le reconnaître.

En ce qui concerne l’origine du sens des mouvements musculaires, devons-nous, avec Bain, le considérer comme un accompagnement de courants efférents ; ou, avec Hughlings Jackson comme central et comme l’accompagnement nécessaire de l’activité fonctionnelle dans le centre moteur ; ou, enfin, avons-nous la preuve de l’existence d’un grand centre cinesthétique pour la réviviscence de ces impressions de mouvement musculaire, thèse soutenue par Charlton Bastian et défendue par lui avec beaucoup d’habileté ? Je crois que les cas de paralysie générale, où il y a la conception illusoire d’une puissance musculaire et d’un poids exagérés, nous apporteraient quelques informations sur cette question débattue.

Dans toutes les formes supérieures de la couche corticale, comme celle de l’homme, nous ne découvrons au sommet aucune transition brusque d’un mode de constitution à un autre, mais un changement très graduel, et ainsi, à mesure que nous approchons de la zone motrice de Ferrier, nous trouvons que les cellules granulées ou anguleuses qui caractérisent les zones sensitives et spécialement celles du pôle occipital s’amincissent en couches insignifiantes, mais sont encore représentées spécialement dans la seconde couche corticale ; de même, la cellule ganglionnaire, largement représentée dans la quatrième couche des zones motrices, s’amincit de plus en plus vers les régions sensitives. La présence constante de ces petites cellules au-dessus des couches de cellules pyramidales ou ganglionnaires, me paraît indiquer la possibilité d’un empiètement réciproque des éléments sensitifs et des éléments moteurs, l’excitation de ces derniers étant probablement la source immédiate de la réviviscence des « mémoires motrices » dans les éléments sensitifs superposés, et le degré de réviviscence de ces impressions motrices dépendant de l’énergie déployée par la cellule