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SULLY. — le développement mental

complètement[1], il est quelque chose qui n’aurait jamais pu être découvert où même deviné en considérant cette dernière.

Facteur interne et externe dans le développement. — En regardant le développement mental comme un processus lié à l’action du milieu et déterminé par elle, nous pouvons dire que la croissance d’une intelligence individuelle est produite par la coopération de deux sortes d’agents ou de facteurs. Le premier est le facteur interne. Nous désignons par là l’intelligence elle-même avec ses différentes facultés considérées comme originelles ou primordiales, incapables d’être réduites à quelque chose de plus simple. Il faut y joindre l’organisme nerveux auquel l’activité mentale est reliée de façon ou d’autre. Le deuxième est le facteur externe. Nous entendons par là le milieu qui agit sur l’intelligence de concert avec les structures nerveuses.

Facteur interne. — Cette expression comprend avant tout les facultés simples et fondamentales de l’intelligence. Elle comprend les différents modes nettement reconnaissables de sensibilité à la lumière, au son, etc. En outre, elle comprend les fonctions intellectuelles fondamentales, la discrimination et l’assimilation. De même, elle comprendra les facultés primaires ou fondamentales de sentir et de vouloir. Il faut y ajouter même le pouvoir de retenir, qui, comme nous l’avons vu, constitue la base de ce que nous entendons par croissance mentale. Ces différentes facultés doivent être admises comme existant dès l’abord. Elles sont les propriétés originelles de l’intelligence qui ne peuvent être analysées davantage ou dont l’existence ne peut être mieux expliquée.

Dispositions héréditaires. — Outre ces facultés communes et fondamentales de l’intelligence, le facteur interne contient probablement un élément plus spécial. Celui-ci est connu sous le nom de tendances ou dispositions héréditaires à penser, sentir et agir d’une manière particulière. Un exemple souvent cité d’une telle tendance est la disposition à penser aux événements comme étant liés les uns aux autres par les rapports de causalité ou comme causes et effets.

Il faut bien comprendre ce que l’on entend par une tendance mentale héréditaire. En premier lieu, cette expression implique que la tendance n’a pas été acquise dans le cours de la vie ou de l’expérience individuelle. Ainsi, quand nous parlons d’une disposition héré-

  1. Si le lecteur désire trouver un exposé complet du processus du développement considéré comme une adaptation progressive au milieu, nous le renvoyons aux Principes de la psychologie, par H. Spencer, vol.  I, 3e partie, Synthèse générale. Les processus de l’adaptation nerveuse sont traités plus spécialement dans la 5e partie, Synthèse physique.