Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 16.djvu/618

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
614
revue philosophique

Facteur externe. — En second lieu, le développement d’une intelligence individuelle implique la présence et la coopération du facteur externe ou du milieu physique ou naturel. Le développement de l’intelligence, de la sensibilité et de la volonté est comme nous l’avons vu, soumis à l’action des divers agents physiques, à la forme et à la disposition des objets qui constituent notre habitat naturel. Le contenu et la disposition du milieu aident ainsi à déterminer la forme de notre vie mentale.

Milieu social. — Outre ce que nous appelons ordinairement le milieu naturel ou physique, il y a le milieu social. Par là, nous entendons la société dont l’individu est un membre, avec laquelle il entretient certains rapports, et qui exerce sur lui une influence profonde. Le milieu social, comme le milieu physique, affecte l’intelligence individuelle par l’intermédiaire d’impressions sensorielles (de la vue et de l’ouïe) ; cependant son action diffère de celui de l’entourage naturel, parce qu’elle est une influence morale. Elle s’exerce par les forces qui unissent les hommes entre eux, telles que limitation, la sympathie, etc.

La présence d’un milieu social est nécessaire à un développement complet normal de l’intelligence. S’il était possible de maintenir un enfant en bonne santé et de le priver en même temps de toute société, son développement mental ne serait que rudimentaire. L’enfant est stimulé, dirigé et contrôlé par d’autres personnes, et ces influences sont essentielles à un développement mental normal. Ainsi sa croissance intellectuelle est déterminée par le contact continuel et les, rapports avec l’intelligence sociale, la somme de connaissances amassée par la race et exprimée dans les conversations journalières, dans les livres, etc. De même, les sentiments de l’enfant sont stimulés et se développent par le contact du sentiment social. Et enfin sa volonté est éveillée, excitée et dirigée par les modes d’action habituels à son entourage.

Ces influences sociales embrassent un champ plus vaste à mesure que nous avançons dans la vie. Elles commencent par l’action de la famille, s’étendent progressivement en comprenant les influences de l’école, des camarades, et enfin de toute la communauté qui agit par les coutumes, l’opinion publique, etc.

Influence de la société, exercée sans dessein et à dessein. — Une partie de cette influence sociale s’exerce sans dessein, c’est-à-dire sans aucune intention de produire un résultat. Les effets du contact d’une intelligence avec une autre, de l’exemple, du ton dominant dans une famille ou dans une société, tout cela ressemble à l’action des agents naturels ou physiques. D’un autre côté, une partie considérable de cette