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CH. RICHET. — la suggestion mentale

nous n’en avons compris aucun. Nulle part, nous ne possédons l’intelligence claire, complète, adéquate, irréprochable, d’un fait chimique, physique ou physiologique, dès que nous voulons l’approfondir.

Voici où je veux en venir. Puisque nous sommes si impuissants, si ignorants, il faut nous garder d’une présomption vaine, et avouer que notre science est bien peu avancée.

Au lieu de raisonner à perte de vue sur les misérables et informes connaissances que nous avons des choses, observons et expérimentons. Gardons-nous d’assigner à la nature des limites : ne disons pas : « Cela est possible, ceci est impossible. » Nous n’avons qu’un seul parti à prendre : il faut observer et expérimenter, expérimenter et observer.

II

Puisque je vais parler de faits invraisemblables, il faut distinguer deux ordres d’invraisemblance : il y a les invraisemblances absolues et les invraisemblances relatives.

Ainsi, par exemple, le mouvement perpétuel est une invraisemblance absolue. La mécanique a démontré que le mouvement perpétuel ne peut pas exister : et la preuve est rigoureuse. Que quelqu’un vienne un jour prétendre qu’il a trouvé le mouvement perpétuel, on aura le droit de lui rire au nez ; car le mouvement perpétuel est une absurdité.

Je comprends donc bien qu’on ne veuille même pas entendre par ler de mouvement perpétuel ou de quadrature du cercle ; car ce serait la négation de la plus certaine des sciences.

Il est encore d’autres invraisemblances qu’on peut s’abstenir de discuter, et qui sont aussi des invraisemblances absolues ; car elles contredisent des faits acquis et prouvés. Par exemple, que quelqu’un vienne dire que le soleil est plus petit que la terre, ou que l’oxygène ne peut pas se combiner avec l’hydrogène, ou que les nerfs n’agissent pas sur les muscles : ce sont des allégations qu’il est inutile de combattre ; car elles sont contradictoires avec la science.

Il y a donc des invraisemblances absolues ; ce sont celles que j’appellerai des contradictions. Celles-là, il est permis de ne les examiner en aucune manière, et de les rejeter aussitôt sans plus ample informé.