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peuvent être reliés par une série d’organismes présentant assez peu de différences pour que des divisions accentuées ne puissent s’établir, on n’est pas autorisé à confondre les points extrêmes de la série et à dire que l’amphioxus est un homme, car nous trouvons dans l’homme bien des choses qui ne sont point dans l’amphioxus. Reste à savoir si l’on trouve dans les actes volontaires quelque chose qui ne se trouve pas dans les réflexes. On parlera de la conscience, de la perfectibilité. Remarquons d’abord que la question n’est pas parfaitement précisée quand on oppose les actes réflexes aux actes volontaires, puisque, avec la théorie déterministe, tous les actes volontaires ne sont que des réflexes plus ou moins compliqués. Néanmoins ceci ne résout pas la question de savoir s’il n’est pas possible de faire plusieurs classes bien distinctes des actes réflexes. On oppose ici l’inconscience et la conscience, et la variabilité des uns à l’immutabilité des autres. Ce ne serait pas répondre complètement à la question que de remarquer encore ici que la conscience tend vers l’inconscience et la variabilité vers l’immutabilité, et qu’entre les deux il n’y a que des différences de degré, car des différences de degré peuvent être très considérables. Il faut voir si les différences de degré que nous rencontrons ici ont une réelle importance au point de vue de la psychologie générale et des rapports entre les diverses fonctions de l’homme.

Nous abandonnerons donc cette théorie de la gradation qui est souvent fallacieuse et nous rechercherons simplement s’il est un caractère des actes ou des opérations qui puisse servir à être la marque et le signe constant de l’existence de la volonté et servir à différencier les actes volontaires et ceux qui ne le sont pas.

La conscience manque à peu près quelquefois aux actes volontaires, et quelquefois elle accompagne des actes involontaires. On pourrait ici désigner des actes qu’il serait difficile à n’importe qui de classer comme volontaires ou involontaires, la marche, la danse, le jeu d’un instrument, etc. Mais certains actes involontaires peuvent être conscients, la respiration par exemple, etc. D’autres actes qu’on regarderait généralement comme volontaires sont accomplis presque inconsciemment, par exemple le fait de chercher un mot dans un dictionnaire quand on est très préoccupé, le fait d’écrire une note dans certaines conditions, etc. La conscience ne peut donc servir à marquer les actes, ou pour parler plus généralement, les phénomènes volontaires.

On pourra dire que les phénomènes volontaires sont plus variables et capables de s’adapter à des conditions nouvelles. On fera la comparaison de instinct des animaux et de l’intelligence de l’homme.