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NOTES ET DISCUSSIONS


NOTE SUR LES IMAGES MOTRICES

Dans le courant de la huitième année de cette Revue (1883, . l, p. 405), M. Fr. Paulhan a présenté un exposé critique de ma théorie sur les images motrices du langage et de la locomotion. M. Paulhan allègue « qu’il ne connaît mes expériences que par le compte rendu de la Revue » et, ajoute-t-il, « si fidèle que soit un compte rendu, il est toujours délicat de critiquer dans ses détails une théorie qu’on ne connaît que de seconde main. Je fais donc une réserve, dit M. Paulhan, pour ce qui concerne les critiques que j’adresserai à M. Stricker ; mais il y a autre chose à examiner que les nuances de la théorie de M. Stricker ; le sens général en est clair ; les faits qu’il invoque sont nets et intéressants ; on peut les examiner et leur en opposer d’autres. »

En réalité, le compte-rendu donné par la Revue sur mes images du langage était excellent, et je crois qu’il eût été facile à M. Paulhan d’en tirer parti mieux qu’il ne l’a fait. Il me semble d’ailleurs qu’il eût été préférable pour lui de lire mes explications dans l’original, beaucoup moins, comme il paraît se l’être figuré, pour les détails de ma théorie que pour les preuves dont je l’ai entouree. M. Paulhan a fort bien interprété ses propres observations, mais nullement prouvé que son interprétation fût la seule possible. Eût-il même voulu démontrer que sa théorie s’adaptait plus exactement que la mienne aux faits que j’ai avancés, il n’y aurait pas réussi, puisque ces mêmes faits lui étaient inconnus.

Je n’essayerai pas ici d’opposer aux objections de M. Paulhan un détail complet de ma brochure, mais j’en rappellerai les idées fondamentales.

La pensée dans les mots qui en sont la forme, ai-je dit, est un discours intérieur. Je n’entends pas par là un mouvement réel des organes de l’articulation, mais une simple innervation des muscles qui les composent, comme si l’articulation allait avoir lieu ; et cette