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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS


Zeitchrift für Philosophie und philosophische Kritik
Vol. 82. (1883.)

Schuppe. Que sont les Idées ? (1re partie.) L’auteur se propose de déterminer, non combien il y a d’Idées ni quelle en est la valeur, mais ce qu’elles sont. Quel est le concept (Begriff) de l’idée ? quelle espèce d’existence convient-il de lui attribuer ?

Le principe incontesté qui nous fournit le concept et la mesure de toute existence, c’est la conscience. En prenant la conscience pour type d’existence, il s’agit de savoir si les Idées n’existent que comme les chimères ou si elles ont une autre espèce d’existence. La pensée consciente est la pensée d’un objet donné ; la pensée sans un objet donné n’est qu’une abstraction. Les sensations et les lois de la pensée ont une valeur objective et forment la réalité concrète en opposition aux illusions des sens et à l’erreur. Toute reproduction de sensation, toute création arbitraire de l’imagination, toute erreur existe dans l’individu, sans avoir aucune réalité objective. Les concepts sont l’œuvre de l’entendement (Verstand) ; les Idées doivent être l’œuvre d’une faculté intellectuelle plus élevée, de la raison (Vernunft). Si l’on suppose que ce qui distingue l’Idée du concept, c’est que rien ne lui correspond dans la réalité soumise à l’expérience ; si l’on suppose en outre que la pensée ne peut rien créer d’elle-même, les Idées ne sont que des chimères, On peut les considérer aussi comme des produits de la raison pure découlant nécessairement de son essence et servant de point de départ indispensable à toute activité intellectuelle. On est alors obligé ou de reconnaître que la nécessité vient de l’essence de la pensée et que l’Idée est une connaissance objective, ou que cette nécessité n’est qu’une illusion, On ne peut parler d’une valeur limitée des Idées.

Une connaissance régulatrice ne peut pas plus que toute autre connaissance être sans objet. Nous en revenons donc à nous demander s’il peut y avoir un produit de la pensée qui découle avec une nécessité absolue de l’essence de la pensée, qui soit le principe indispensable de toute opération intellectuelle, qui ne donne pas comme les catégories une forme (Bestimmung) à une matière donnée, mais qui serve de soutien à ces déterminations de la pensée (Denhbestimmungen).

Les idées de Dieu et d’une vie future ne sont pas à proprement