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MES PARADIS

Mahâ-bhârata, fleuve aux méandres énormes,
J’ai connu tes Dévas prenant toutes les formes,
Tes ascètes, lotus au poing, regards en bas,
Tes Kshatryas vainqueurs, et les lourds nitambas
Que d’un pas indolent roulent tes belles filles
Au rythme de l’or clair qui tinte à leurs chevilles.
J’ai humé le nectar de ton ivresse, Hellas,
Lorsque tu célébras Salamine. Ô Pallas
Athènè, sous l’éclair de tes prunelles perses
Dans les flots égéens se fond l’orgueil des Perses.
Pallas, j’ai chanté l’hymne où retentit ton nom
Devant la colonnade en fleurs du Parthénon !
Li-taï-pé, j’ai dit tes vers à sept cadences.
Je sais, dans Martial, marier pour vos danses,
Gaditanes tordant votre ventre et vos reins,
Les crembales d’ébène aux ronflants tambourins.
Vieux Paris, à courir tes sinistres ruelles,
Avec le bon Villon j’en ai vu de cruelles !
Nous avons mis à mal Rueil et Montpipeau ;
Mais Colin des Cayeulx n’a pas « gardé la peau »,
Et guéri pour toujours des faims et des pépies,
Il aiguise les becs des corbeaux et des pies.
Et nous, serons-nous grains dans ces noirs chapelets ?
Bah ! nous avons repris teint clair chez Rabelais
Où tu t’épanouis en pleine tumescence,
Luxuriante, soûle et belle Renaissance.