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les musées des horreurs promenés dans les capitales par des Barnums, le piano a sa place marquée à côté de la guillotine, sa sœur cadette, née comme lui vers la fin du xviiie siècle, aux plus sombres jours de notre histoire, perfectionnée comme lui au xixe siècle et morte comme lui au commencement duxxe siècle.

LA DOUBLE TROUPE DE LA PORTE SAINT-MARTIN.
LA DOUBLE TROUPE DE LA PORTE SAINT-MARTIN.

La compagnie de la musique entretient encore cinq ou six pianistes, deux violoncellistes, deux flûtistes et deux clarinettistes. Grâce à la modicité de ses prix, la plupart des maisons ont maintenant la musique à tous les étages, comme l’eau ; la concession de piano coûte pour toute la maison 10 francs par an, celle de violon ou de flûte 6 francs et celle de clarinette 2 fr. 50 seulement. C’est pour rien. Mais que l’on se rassure ; de ce que l’on a la concession de musique, il ne s’ensuit pas que l’on doive consommer toute la musique envoyée par l’usine dans les tuyaux. Il y a un robinet de trop-plein communiquant par un fil avec le toit, ce robinet doit toujours être tenu ouvert pour éviter l’emmagasinement des sons dans les tuyaux ; par un système aussi simple qu’ingénieux, il suffit, quand on veut de la musique, d’ouvrir le grand robinet, pour fermer automatiquement le robinet de trop-plein.

M. Ponto avait, en plus, la grande concession pour bals et soirées. Ce soir-là on se contenta d’un concert-salade où furent joués les morceaux en vogue des grands opéras de tous les pays. Ceci était commandé par le cosmopolitisme de la réunion.

Tous ou presque tous les invités de M. Ponto étaient Français, mais Français mâtinés, c’est-à-dire Franco-Anglais, Franco-Belges, Franco-