Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/150

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vieux, déambulant sans savoir où, vague, lamentable, dans la boue. La pluie se hâtait, dévidant ses fils, embrouillant sa toile, mailles de plus en plus étroites, filet impalpable et mouillé où peu à peu Hugues se sentait amollir. Il recommençait à se souvenir… il pensait à Jane. Que faisait-elle à pareille heure, dehors, par ce temps désolé ? Il pensait à la morte… Que devenait-elle aussi ? Ah ! sa pauvre tombe… les couronnes et les fleurs en ruines dans ces averses…

Et des cloches tintaient, si pâles, si lointaines ! Comme la ville est loin ! On dirait qu’à son tour elle n’est plus, fondue, en allée, noyée dans la pluie qui l’a submergée toute… Tristesse appariée ! C’est pour Bruges-la-Morte que, des plus hauts clochers survivants, une sonnerie de paroisse tombe encore, et s’afflige !