Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/52

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nalement, s’était remis à marcher derrière elle, tout près cette fois, avec la peur haletante de la perdre encore, à travers cette vieille ville aux rues en circuits et en méandres.

Certes, il n’avait pas songé une minute à cette action anormale de sa part : suivre une femme. Eh non ! c’est sa femme qu’il suivait, qu’il accompagnait dans cette crépusculaire promenade et qu’il allait reconduire jusqu’à son tombeau…

Hugues marchait toujours, aimanté, comme dans un rêve, aux côtés de l’inconnue ou derrière elle, sans même s’apercevoir qu’après les quais solitaires, ils avaient atteint maintenant les rues marchandes, le centre de la ville, la Grand’Place où la Tour des Halles, immense et noire, se défendait contre la nuit envahissante avec le bouclier d’or de son cadran.

La jeune femme, svelte et rapide, l’air de se dérober à cette poursuite, s’était engagée dans la rue Flamande —