Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/147

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lui une puissance, une gravité, une signification intérieure qu’on ne trouve peut-être chez nul autre peintre.

En général, on peut dire que, chez les artistes très réfléchis comme ceux-là, le dessin est particulièrement serré et la couleur est d’une rigueur qui s’impose comme la vérité des mathématiques.

Chez d’autres artistes au contraire, chez ceux qui sont les poètes du cœur, comme Raphaël, le Corrège, André del Sarte, la ligne a plus de souplesse et la couleur plus de tendresse câline.

Chez d’autres encore qu’on nomme ordinairement des réalistes, c’est-à-dire dont la sensibilité est plus extérieure, chez Rubens, Velazquez, Rembrandt, par exemple, la ligne a une allure vivante avec des brusqueries et des repos, et la couleur tantôt éclate en fanfares de soleil, tantôt s’atténue en sourdines de brume.

Ainsi, les moyens d’expression des génies diffèrent autant que leurs âmes mêmes, et l’on ne peut nullement dire que chez tels d’entre eux le dessin et le coloris soient meilleurs ou moins bons que chez d’autres.


— Fort bien, maître ; mais en supprimant l’ha-