Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/292

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« Pourquoi espère-t-on plus de vie et de plaisir, dit-il dans un de ses beaux sonnets. La joie terrestre nous nuit d’autant plus qu’elle nous séduit davantage. »

Et, dans une autre pièce de vers :

« Celui-là jouit du meilleur sort, dont la mort suit de près la naissance. »


Toutes les statues qu’il fit sont d’une contrainte si angoissée qu’elles paraissent vouloir se rompre elles-mêmes. Toutes semblent près de céder à la pression trop forte du désespoir qui les habite. Quand Buonarotti fut devenu vieux, il lui arriva de les briser réellement. L’art ne le contentait plus. Il voulait l’infini.

« Ni la peinture, ni la sculpture, écrivait-il, ne charmeront plus l’âme tournée vers cet amour divin qui ouvrit ses bras sur la croix pour nous recevoir. »

Ce sont exactement les paroles du grand mystique qui composa l’Imitation de Jésus-Christ :

« La souveraine sagesse est de tendre au royaume du ciel par le mépris du monde.

« Vanité de s’attacher à ce qui passe si vite et