Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/293

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de ne pas se hâter vers la joie qui ne finit point. »

Rodin ouvrit alors une parenthèse au milieu de ses pensées :


LA PIETA, de Michel-Ange.


— Je me rappelle qu’étant dans le Dôme de Florence, je regardai avec une profonde émotion la Pieta de Michel-Ange. Ce chef-d’œuvre, qui d’ordinaire est dans l’ombre, était à ce moment éclairé par un grand flambeau d’argent. Et un jeune enfant de chœur d’une beauté parfaite, s’approchant du flambeau qui était de la même taille que lui, le tira vers sa bouche et en souffla la flamme. Alors je ne vis plus la merveilleuse sculpture. Et cet enfant me parut figurer le génie de la Mort qui éteint la Vie. J’ai gardé précieusement cette forte image dans mon cœur.