Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/38

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senter que ce que la réalité m’offre spontanément.

En tout j’obéis à la Nature et jamais je ne prétends lui commander. Ma seule ambition est de lui être servilement fidèle.


— Pourtant, fis-je avec quelque malice, ce n’est point la Nature telle quelle que vous évoquez dans vos œuvres.

Il s’arrêta brusquement de manier les bandelettes humides :


— Si fait, telle quelle ! répondit-il en fronçant le sourcil.


— Vous êtes obligé de la changer…


— En aucune façon ! Je me maudirais de le faire !


— Mais enfin la preuve que vous la changez, c’est que le moulage ne donnerait pas du tout la même impression que votre travail.

Il réfléchit un court moment et me dit :


— C’est juste ! mais c’est que le moulage est moins vrai que ma sculpture.