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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/32

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GŒTHE ET BEETHOVEN

les destins ont préparé la syzygie de ces deux astres de la poésie et de la musique. L’heure est venue. L’heure est passée. Ils se sont rejoints, et ils se fuient. Il faut attendre une nouvelle période de mille ans… Que j’envie les yeux qui les ont vus ! Je prends ces yeux et les images qui dorment au fond. Je vois dans l’étang le reflet du jour, qui est parti sous l’horizon.



Les deux hommes se connaissaient, de longtemps et de loin, mais inégalement. Et les deux, celui qui avait de l’autre la plus large compréhension, c’était Beethoven.

Depuis l’enfance, il se nourrissait de Gœthe, et il lui vouait un culte[1]. Il le lisait, chaque jour. Gœthe avait succédé à Klopstock dans son cœur.

« … Klopstock veut toujours mourir. Et cela vient bien assez tôt !… Mais Gœthe, il vit, et nous tous, nous devons vivre avec lui. C’est pourquoi il se laisse bien mettre en musique. Aucun ne se laisse aussi bien mettre en musique[2] »

  1. « … Vous remercier pour le long temps que je vous connais(car je vous connais depuis mon enfance) — c’est si peu pour si grand !… » (Lettre de Beethoven à Gœthe, 12 avril 1811).
  2. Entretien avec Rochlitz, juillet 1822.