Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
GŒTHE ET BEETHOVEN

Dans son premier entretien avec Bettine, en mai 1810, il avait dit quelle fascination exerçaient sur lui les poésies de Goethe, « non seulement par leur contenu, mais par leur rythme… »

« … Je suis disposé et excité à composer par cette langue, qui s’organise en une haute ordonnance, comme une architecture bâtie par la main des esprits ; elle porte déjà en elle le secret des harmonies. »

Bettine le trouve dans le feu de la composition de deux lieder de Gœthe. Et quels lieder ! Quelle musique !… Le « Trocknet nicht, Thränen ! » (Volupté de la Mélancolie), et Mignon.

La même année, il écrit la musique d’Egmont. Et dès 1808, il songeait à mettre en musique Faust[1].

« Mettre en musique » un poème n’était point pour lui, comme pour la plupart des compositeurs, un travail d’illustration, un commentaire pitto-

  1. C’est l’année même où venait de paraître la Première partie de Faust. Seule, Bettine l’avait devancée dans ce projet. Dès la mi-janvier 1808, elle est « versunken » (plongée) dans des compositions de Faust. Elle écrit la douloureuse prière de Gretchen à la Vierge.

    Beethoven cherchait quelqu’un qui pût adapter Faust au théâtre (Cottasche Morgenblatt, octobre 1808). Mais il ne trouve aucune aide. En 1822, quand Rochlitz, qui ignorait cet ancien projet, transmet à Beethoven, de la part de l’éditeur Haertel, la proposition d’écrire la musique de Faust. Beethoven crie : a Ha ! » et il lève les bras : — « C’en serait un travail ! Cela pourrait donner quelque chose !… » Il s’absorbe dans ses réflexions. Mais, à cet âge, il ne peut plus ; il est engagé dans le travail de deux grandes symphonies « t d’un oratorio. Il renonce, à regret.