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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/41

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GŒTHE ET BEETHOVEN

aurait-elle eue (sinon l’impérieuse vérité) d’écrire à Goethe qu’elle s’était éprise de Beethoven, qu’il l’avait subjuguée, et d’épouser passionnément sa cause, qui n’était — (elle pouvait le prévoir, elle le sut mieux, par la suite) — pas agréable à Goethe ? Je résume d’abord le récit fameux, que Bettine, plus tard, publia 1 :

Elle est à Vienne, depuis quelque temps, chez son frère, Franz Brentano, qui a épousé Toni Birkenstock, tous deux fidèles amis de Beethoven, et maintenant les nobles traditions d’art et d’intelligence du beau-père Birkenstock, qui fut l’ami de Franklin et de Robertson. C’est le mois de mai, un mai brûlant : les lettres de Bettine à Goethe sont pleines de cette ivresse des jardins en fleur, des odeurs capiteuses qui sortent des serres ouvertes 1 2. Bettine vient d’entendre une sonate de Beethoven, qui l’a bouleversée 3 ; elle veut voir le musicien. Tous l’en dissuadent. Beethoven est, dit-on, inabordable. On ne sait 1. Dans le Gœthes Briefwechsel mit einem Kinde, 1835. 2. « ... Un jardin magnifique, en pleine floraison, toutes les serres ouvertes, le parfum était grisant... Beethoven ee tenait au grand soleil brûlant, et disait... » (28 mai). Cf. 15 mai :

« Un bouquet de muguet remplit ma petite chambre de son souffle inoui... »

Et la lettre (discutée) de Beethoven (août) : « ... Sur notre petit observatoire, pendant la magnifique pluie de mai, quand j’appris à te connaître... »

3. Dans la lettre à Bilder, elle dit : « Une fantaisie »... Sans doute, la Sonata quasi una fantasia, op. 27 n° 2 (le « Clair de Lune »).