Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
37
GŒTHE ET BEETHOVEN

prophète de la Sixtine, — que ce torrent bloqué, trouvant soudain passage, se soit violemment débondé de toutes les pensées qui l’étouffaient1, c’est l’évidence même.

Et maintenant, ces pensées, Bettine va les transmettre à Gœthe. De ceci encore, la preuve nous est donnée, encore que les circonstances n’aient pas été exactement telles qu’elle les a racontées.

Quand Bettine publie en 1834-1835, son Briefwechsel, elle ne se soucie point de l’exactitude littérale, et elle n’y prétend point. La collection de ses lettres qu’elle s’est fait rendre, après la mort de Gœtbe, par le chancelier von Müller, elle ne les reproduit pas dans leur désordre de style et de pensée, elle les recompose, elle en concentre plusieurs en une seule. Elle fait plus, elle les complète avec le souvenir des entretiens qu’elle a eus, — peut-être notés (habitude ancienne) —à coup sûr, médités : (car on voit, par la suite, combien les propos de Beethoven l’ont préoccupée : ils la dépassaient, de beaucoup ; et elle ne les a pleinement compris qu’après). Elle ne pense pas ainsi manquer à la vérité, mais l’exprimer plus complète et plus digne de ceux dont elle sert la mémoire. Ensuite, elle y épingle une date approximative. Je pourrais dire synthé¬ 1. « So briclit er ploizlich in Tône ans » (Lettre de Bettine à Bihler).