Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
42
GŒTHE ET BEETHOVEN

Cette rencontre a lieu plus tôt qu’elle et Goethe n’y comptaient. Le hasard fait que, tandis que Gœthe est mandé à Teplitz par son grand-duc, Bettine, allant à Berlin, par Prague, passe à Teplitz, y apprend la présence de Gœthe, court chez lui, et en deux jours, deux beaux jours d’heureuse intimité (10 et 11 août 1810), lui livre enfin le torrent de tout ce qui lui a été révélé, de ce qui a enrichi et bouleversé sa vie. « Elle m’a raconté à Vinfini, écrit Gœthe, de ses aventures anciennes et nouvelles. » (« Sie hat mir unendliches erzâhlt von alten und neuen Abenteuern »).

Ces « aventures nouvelles », c’était la rencontre avec Beethoven. Gœthe ne daigne pas le nommer : l’enthousiasme de Bettine, il n’y veut point attacher d’importance. Que pensait-il de Beethoven ?

Pas grand’chose, à cette date x. Et

même, pas grand’chose de bon, comme nous allons le voir. Mais il était trop sensible alors aux charmes de la jolie fille, pour ne point la laisser parler. Il regardait la bouche, il n’écoutait pas le sens. * Il1. Que connaissait Goethe de Beethoven, en 1810 ? Il semble qu’il ait entendu, pour la première fois, o ie musique de lui, le 13 octobre 1807. Une jeune chanteuse, iienriette H&ssler d’Erîurt, qui voulait entrer dans sa chapelle domestique (voir l’Essai III sur Gœthe musicien), se fit entendre de Gœthe, « dans une scène de Beethoven ». — Probablement une scène de Fidelio, dont la première représentation avait en lieu en novembre 1805, et la reprise (deuxième version) en avril 1806»