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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/59

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GŒTHE ET BEETHOVEN

12 novembre 1808 : « Avec admiration et effroi, on voit des feux-follets, à l’horizon du Parnasse, des talents de la plus grande importance, comme Beethoven, employer la massue d’Hercule pour écraser des mouches. On s’étonne d’abord, puis on hausse l’épaule, de cet étalage de talent pour donner de l’importance à des bagatelles. » Un peu plus tard x, il va plus fort ; parlant des œuvres de Beethoven, il ne se contente pas de les traiter de monstres, « dont le père serait une femme, ou la mère un homme » ; il les suspecte de mauvaises mœurs. Le Christ aux Oliviers (qui, certes, ne vaut pas cher, mais qui ne vaut pas non plus ces cris de pudeur effarouchée) lui paraît « une impudicité » (Unkeuschheit), « dont le fond et le but 2 sont la mort éternelle... Je connais, ajoute-t-il, des amateurs de musique, qui s’étaient jadis alarmés, ou même indignés, en entendant ces œuvres ; maintenant, ils sont possédés pour elles d’une passion analogue à celle des tenants de l’amour grec... » (Wie die Anhânger der Griechischen Liebe...)

L’art du chaste et viril Beethoven, inculpé d’impudicité et de déséquilibre sexuel ! On dirait une gageure de la malveillante sottise ! Ce serait 1 2notamment à la Singakademie, où Zelter avait été frappé de ses improvisations.

1. Et à quel moment fatal ! En septembre 1812, juste après la fâcheuse entrevue de Teplitz, que je raconte plus loin. 2. L’idée et l’intention ( ?).