Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
49
GŒTHE ET BEETHOVEN

dre Zelter comme professeur d’harmonie ! Elle refuse indignée...) elle le crible de traits dans ses lettres à Goethe, — le lourd pédant, aux larges os, à la longue redingote, « mit so breiten Knochen, und so langer Weste !... » Elle les met tous dans le même sac, tous les pédants de Berlin : et Zelter, et Reichardt, et Rigini, et Himmel, toujours hargneux, toujours aboyant entre eux et aux passants. Eh ! qu’ils se mordent, ou qu’ils se bétonnent l’un l’autre, à la ronde ! Mais qu’ils laissent tranquilles les grands, les glorieux morts, et le Beethoven 1 î

Goethe se fronce. Il avait pensé que ces lubies musicales passeraient comme les caprices d’une jolie femme. Quand il voit qu’elles s’installent à demeure, il fait grise mine. Il est prudent, d’abord. Il a besoin de Bettine. Pour ses Mémoires qu’il veut écrire, il a quêté les souvenirs de son enfance, que Bettine a recueillis de la bouche de sa mère, la Conseillère, aux jours que les deux femmes passaient ensemble, extasiées, à revivre l’aurore du jeune dieu (car Gœthe n’a plus, — 1. « Nur die Toden sollen sie mir ruhen laesen und den Beethoven... (Lettres authentiques de Bettine à Gœthe, 16 octobre et 4 novembre 1810).

En même temps, elle exhalait sa rancune contre les pédants de Berlin, dans des lettres, perdues, à Beethoven, qui lui répond, sur le même ton, dans sa lettre (authentique) du 10 février 1811 : ... Berlin... la vermine du monde (Weltgeschmeiss)... Beaucoup d« bavardage sur l’art, mais d’art point... » (Violes Schwàtzen über Kunst ohne Thatsn).

«